Le roman du mois de juin

Rattrapé par l’actualité, je change mes plans. L’écrivain portugais José Saramago est mort aujourd’hui. C’est un auteur que j’admire énormément pour son originalité. Beaucoup de ses romans ont une intrigue totalement invraisemblable : détachement de la péninsule ibérique du continent européen (Le Radeau de Pierre), cécité simultanée de toute la population d’un pays (L’Aveuglement), refus de voter d’une ville entière (La Lucidité), rencontre entre Dieu et le Diable (L’Evangile selon Jésus-Christ), etc. Ces situations farfelues sont pour l’auteur un magnifique prétexte pour décortiquer avec minutie et de façon totalement impitoyable la société dans laquelle nous vivons et montrer les plus bas instincts toujours prêts à resurgir à la moindre occasion. Si je n’en avais qu’un à recommander, ce serait L’Aveuglement, paru aux éditions du Seuil, et également disponible en collection Points (où le roman s’appelle désormais Blindness/L’Aveuglement depuis qu’un film en a été tiré, sans commentaire). Comment, dans une société où tout le monde est devenu aveugle, la lutte pour la survie transforme les humains en barbares absolus. C’est à  frémir.