Voilà voilà, c’est fini.
D’habitude la séparation se faisait en douceur puisque j’avais l’occasion de vous croiser dans les couloirs, et même pour certains de constater en colles que le cours n’est toujours pas appris/la présentation est toujours aussi brouillonne/les étourderies de calcul toujours d’actualité (cocher la bonne case), et de parler un peu du bon vieux temps de la sup, quand on pouvait encore se la couler douce … Mais là, snif ! je ne vous reverrai plus, snif ! Même les irrésistibles à qui on pouvait demander n’importe quoi  (sauf intégrer dx/x2 naturellement).
Mais bon, quand même c’était une bonne année : vous avez été sages et à peu près sérieux, et vous avez même eu le bon goût d’écouter et de vous intéresser. En revanche, vous n’avez pas vraiment été à la hauteur dans les batailles de boules de neige, où vous vous êtes carrément ridiculisés, il faut bien l’admettre.
Bref, tout ça pour vous remercier de ce bon moment ensemble, et vous souhaiter bon courage et bonne chance dans la suite de vos études. Il n’est évidemment pas interdit de m’envoyer des nouvelles de vos superbes futurs résultats.

Afin de mieux vous servir, et puisque cela semble très bien marcher en spé, nous avons décidé d’organiser un concours blanc. Qui plus est, cela remotivera un peu la classe, chose qui nous semble relativement urgente après les quelques joyeuses semaines qui viennent de passer. Les vacances étant généralement un moment propice pour les révisions, ce concours blanc aura lieu juste à la rentrée des vacances.

Le calendrier est le suivant :
– lundi 23 avril de 8h à 12h : maths
– lundi 23 avril de 13 h à 17 h : français
– mardi 24 avril de 8 h à 12 h : physique
– mardi 24 avril de 13 h à 16 h : chimie ou SI
– mardi 24 avril de 16 h 30 à 18 h 30 : langue vivante

Le programme, dans chacune des matières, porte sur l’ensemble de l’année.
Madame Z. me demande de préciser qu’elle a été horrifiée à la lecture des devoirs composés au ski par une certaine inculture historique ; en conséquence, il y aura dans son devoir des questions sur les grandes dates de la Révolution Française.

Mon digne collègue de mathématiques de la digne classe de MPSI me signale que j’ai oublié un point très important concernant notre séjour au Clair Matin :

AU CLAIR MATIN
ON SE COUCHE A MINUIT.

Pourquoi diable si tôt ? Je rappelle à ceux qui n’ont pas bien compris, ou qui n’ont pas lu le précédent billet sur ce thème, les quelques faits suivants :
1) au Clair Matin, on se lève à 6 h 50, pour être prêt à 7 h afin de ne pas rater la séance de préparation au marathon ;
2) au Clair Matin, on a cours à 8 h, et même des fois devoir de français ou de langue ;
3) au Clair Matin, il faut être frais pour skier comme des dieux sans finir à l’hôpital (on connait déjà par coeur les médecins locaux, l’hôpital d’Evian et celui de Thonon, merci, inutile de nous prévoir encore une visite) ;
4) au Clair Matin, on travaille même le soir, en particulier les maths, la physique et les tipe ;
5) au Clair Matin, et seulement si vous êtes sages, frais et dispos, on vous laisse une soirée pour vous agiter comme des sauvages sur du bruit barbare ;
6) après le Clair Matin, on vous rend à vos parents, et on préfèrerait qu’ils ne se demandent pas ce qu’on a bien pu faire de vous.
Toutes ces raisons me semblent excellentes ! Je vois que vous avez parfaitement compris.

Je me permets d’invoquer une dernière raison pour laquelle tout le monde doit se coucher à minuit :

APRES MINUIT, L’HUMEUR DE VOS DIGNES ENSEIGNANTS
SE DEGRADE PLUS QU’EXPONENTIELLEMENT AVEC LE TEMPS.

Soit H(t) l’humeur d’un professeur de PSCI ou de MPSI un jour n donné, et H0 son humeur à minuit ce jour. Soit t le temps mesuré par convention à partir de minuit, considéré comme l’instant initial. La loi donnant H(t) en fonction du temps est de la forme :

H(t) = H0 exp(-t^t)

c’est dire si ça décroît vite …
Il convient de préciser que H0 est d’autant plus faible que l’enseignant en question possède plus de chromosomes X. Il est également d’autant plus faible que l’enseignant possède plus d’enfants en bas âge (vous comprendrez quand vous en aurez). Quelle est l’influence de n, le numéro du jour, mesuré par convention à partir du jour d’arrivée ? En fait, n influe sur H0, selon une loi décroissante de la forme :

H0 (n) = H0 (n = 1)/n!

Autant dire que notre patience diminue au fur et à mesure que notre retard de sommeil augmente … Vous êtes prévenus.

Travail demandé :
1) Ecrire explicitement la fonction H(t) en fonction de n et t.
2) Montrer que la dérivée troisième de H par rapport à t est une suite de Cauchy dépendant de n strictement décroissante sur la boule fermée compacte intersection de R et de Z/nZ, à condition de se placer dans un espace préhilbertien complexe adapté, muni du produit scalaire.
3) La dimension de Hausdorff de H est-elle entière ? En déduire si H est fractale.
4) Comment doit-on choisir n et t pour qu’Achille ne rejoigne pas la tortue ? (Question proposée par Monsieur Zénon, d’Elée).
5) Des questions précédentes, estimez l’heure vers laquelle Monsieur R. fait son premier tour des chambres, usant d’un ton légèrement agacé.
6) Montrer qu’au-delà de minuit 30, monsieur R. devient positivement méchant.
7) Montrer qu’après minuit 45, plusieurs professeurs, dévoilant par là leur lycanthropie latente, l’écume aux lèvres et montrant des dents, se ruent sur les élèves récalcitrants, et les mettent en pièces pour enfin avoir la paix.

Eh oui, vous ne croyez pas vous en tirer à si bon compte. Je rappelle qu’il vous reste deux semaines pour :
1) constituer des groupes si vous le voulez (pas plus de 3 par groupe),
2) trouver une idée de sujet,
3) commencer à chercher des infos.

Concernant le choix du sujet, je précise à nouveau qu’il doit être raisonnable. Inutile de nous faire perdre notre temps avec un sujet sur l’hypothétique boson de Higgs, sur la validité de la relativité générale aux premiers instants de l’univers, sur la thermodynamique hors-équilibre dans les cellules de cloporte, sur les méthodes de renormalisation en physique quantique, sur les avantages du Fortran ++ sur le C+++ dans la résolution de la conjecture de Goldbach, etc, et encore moins s’il y a une expérience à la clé (« Alors oui, on pourrait vérifier au labo si un antiproton se recombine avec un proton, dans un bécher, ça pourrait se faire »).
Je me permets aussi de signaler quelques sujets tellement bateau qu’on s’ennuie déjà rien qu’à y penser : le GPS, le MP3, l’aérodynamisme des avions/missiles/trains/voitures de course/liste non limitative (l’aérodynamisme fait appel à la mécanique des fuides qu’on voit en spé), l’imagerie médicale (aucun sujet sur ce thème n’a jamais abouti depuis que je subis les tipe), et il y a en a d’autres que j’oublie. Si vous voulez travailler sur un de ces thèmes, ce n’est évidemment pas interdit, mais dans ce cas, sachez être bougrement original …

J’en profite pour vous annoncer une bonne nouvelle : le thème est maintenant connu. Comme toujours, il est suffisamment vague pour qu’on puisse parler d’à peu près tout sauf de son doudou :

VARIABILITE – LIMITE – STABILITE

Comme mon digne collègue de physique vous l’a précisé lors de notre présentation des tipe, la bonne méthode n’est pas : « je choisis un sujet et je cherche des contacts », mais « si j’ai des contacts potentiels, je choisis un sujet en fonction d’eux ». Evidemment, si vous n’avez aucun contact potentiel, ma remarque ne s’applique pas.

Je rappelle également qu’il est fortement conseillé de commencer sa recherche dans un endroit mystérieux et d’accès très compliqué : le CDI (je fournirai un plan à ceux qui sont perdus). Il me parait peu raisonnable de commencer par une recherche sur internet. Par Google, j’ai obtenu 1 950 000 réponses au mot variablité, 68 100 000 au mot limite et 11 700 000 au mot stabilité. Je ne suis pas certain que les deux semaines qui nous séparent de la date limite de présentation de votre idée suffisent à tout lire …

Contrairement aux années précédentes, notre grande soirée TIPE aura lieu très rapidement, ce qui nous épargnera de voir des élèves en train de chercher désespérément quelqu’un avec qui se mettre, ou un sujet quelconque sur un télésiège. En clair, c’est sans doute dès lundi soir que vous passerez sur le gril.

Je termine avec quelques perles que nous aimerions NE PAS voir cette année :
– Un élève : « Je voulais aller voir à la bibliothèque municipale, mais elle est fermée pour travaux pendant un mois » ; M. H. : « Tu habites où ? » ; l’élève : « à *** » ; M. H. : « Ca c’est marrant, j’y habite aussi, et je suis allé à la bibliothèque municipale la semaine dernière ! ».
– « J’ai oublié mes documents, alors j’ai demandé à mon père de me les faxer, mais il n’est arrivé que des feuilles blanches » (l’élève montre alors un paquet de feuilles blanches).
– « J’ai fait une recherche sur internet, mais j’ai pas eu le temps de tout lire » (une grande classique, marche encore mieux avec un paquet de 250 feuilles imprimées à partir de n’importe quel site internet).
– Un élève : « J’avais un sujet, mais j’ai rien trouvé dessus au CDI, alors j’ai pensé à un autre sujet ce matin sous ma douche, mais j’ai pas pu travailler dessus puisqu’on est pas au lycée, mais je le ferai dès qu’on rentrera à Saint-Germain » ; Madame G. : « C’était quoi ton sujet ? » ; L’élève : « c’était *** » ; Madame G. : « Tu te payes ma tête ? j’ai fait acheter un bouquin là-dessus au CDI ! ».
N’oubliez pas qu’un mensonge est d’autant plus crédible qu’il est énorme (pour les culturés, pensez au « Ma mère est morte ! » des 400 coups de Truffaut). Cependant, au-delà d’un certain niveau, c’est louche : « Des extraterrestres se sont posés devant moi sur la piste, et m’ont volé tous les documents que j’avais trouvés, et en plus, avec leur rayon de la mort, il m’ont enlevé tout souvenir de ce que c’était. », je crois pas que ça marchera …

Bon courage dans vos recherches.

Bon, le ski c’est bientôt. Or, j’ai vu la semaine de la sortie, un petit mot avec un plan, et une consigne : « surtout, n’oubliez pas l’alcool ! ».

Alors là, j’en profite pour vous envoyer ce petit billet :

POUR LE SEJOUR AU CLAIR MATIN
SURTOUT, OUBLIEZ L’ALCOOL.

Serge, qui n’est pas tombé de la dernière pluie, a un odorat très developpé, et est capable de détecter un type qui a bu derrière une porte (authentique, je l’ai vu), et il rigole pas trop avec ça. Je précise que je l’ai aussi vu interdire l’accès aux pistes à un élève qui s’était un peu trop moqué des consignes. Et pendant qu’on y est, je me permet de rajouter :

POUR LE SEJOUR AU CLAIR MATIN
SURTOUT, OUBLIEZ LES JOINTS.

Sur les pistes, comme au volant, la fumette, c’est pas trop bon. Et puisque c’est à la mode, je vous rappelle cette consigne simple :

AU CLAIR MATIN, IL EST INTERDIT
DE FUMER DANS LE CHALET.

C’est pas pour vous enquiquiner, mais le chalet est, au moins partiellement, en bois (les personnes qui ne voient pas le rapport sont priées de contacter d’urgence le numéro de téléphone 18, afin de parler à des gens qui peuvent leur expliquer). Alors, pourquoi ne pas en profiter :

C’EST L’OCCASION D’ARRETER DE FUMER !

C’est quand même sympa d’avoir des profs qui pensent à votre santé, à votre porte-monnaie et à votre libido (eh oui, la cigarette, c’est pas bon pour la libido). Pour ceux qui savent pas de quoi qu’k’je parle, je conseille de téléphoner à … euh ! rien du tout, ils auront qu’à demander à leur grand/grande frère/soeur.

Bon, il nous enquiquine franchement, ce vieux chnock avec ses consignes à la noix, et sa morale à deux balles. Ouais, c’est vrai, mais bon, les profs qui vous emmènent, ils sont un peu responsables de ce qui se passe, alors autant qu’il se passe rien … « oui, monsieur le juge, on n’avait pas vu qu’ils se pintaient dans leur chambre, et qu’y z’avaient laissé tomber leur joint sur la converture, et que ceux de la chambre à côté y z’étaient dans leur trip alors y se sont pas aperçu que ça sentait le cramé, alors voilà, mais c’est pas notre faute. » Bon, vous avez compris je pense, alors j’arrête.

PS : je rappelle également que ce séjour au ski, c’est l’occasion d’une remise en forme intégrale, avec cure d’amincissement efficace à 100 %. Notre coach propose une séance de course à pied tous les matins à 7 heures, par tous les temps, par tout terrain, et pour tous !
Alors :

AU CLAIR MATIN, ON N’OUBLIE PAS
SON SHORT ET SES TENNIS !

D’ailleurs, monsieur T. a déjà acheté les siennes.