Author Archives: admin

Un roman pour se détendre

Il y a déjà un certain temps, j’ai parlé des deux premiers tomes de la série de Bertram Guthrie, intitulée The Big Sky (c’est ici). Le dernier tome est maintenant paru, sous le titre Dans un si beau pays, toujours aux éditions Actes Sud et dans une collection dont le nom décidément ridicule (L’ouest, le vrai) cache d’excellents ouvrages.

Dans un si beau pays

C’est la conclusion logique de la trilogie, où l’on retrouve le personnage de Summers vieillissant dans un pays qu’il a passionnément aimé mais dont les changements brutaux et rapides le mettent inéluctablement en marge. Excellemment écrit et très bien traduit.

Une BD pour les physiciens

Si vous avez la flemme de lire du sérieux pendant les vacances, vous pouvez sûrement lire une bande-dessinée. Alors autant qu’elle ne soit pas totalement idiote (genre mal dessinée avec un scénario indigent et dans une vignette sur deux des nanas à moitié à poil avec une poitrine ridicule à force de ressembler à des ogives thermonucléaires), et pourquoi pas carrément intéressante. D’abord, ôtez-vous de l’idée que quand c’est intéressant c’est nécessairement ennuyeux, ensuite, faites-vous à l’idée que même un physicien peut avoir une vie trépidante. Le physicien en question est peu connu des étudiants qui débutent car ses travaux les plus célèbres sont très techniques, mais il est en fait une personnalité hors du commun : il a participé au projet Manhattan (mise au point de la bombe atomique), a été professeur d’université à 24 ans, a reçu le prix Nobel de physique, a conçu et donné un cours niveau première et deuxième années d’université absolument extraordinaire (un pédagogue hors-pair !) et a fait partie de commission d’enquête sur l’accident de navette spatiale Challenger. Sa vie est un vrai roman, décrit avec humour dans Feyman de Ottaviani et Myrick publié chez Vuibert.

Un livre sur le nucléaire

Le nucléaire étant, qu’on le veuille ou non, une réalité de notre pays, il est assez raisonnable de s’informer sur le sujet, et à tant faire, de commencer par lire des livres écrits par des spécialistes du sujet, autrement dit des scientifiques et des ingénieurs. Celui que je vous conseille a l’avantage d’être rédigé explicitement pour un public non scientifique, mais prêt à prendre le temps de lire soigneusement pour comprendre (ce n’est pas un ouvrage de vulgarisation bas de gamme). Il est édité par EDP-sciences dans une excellente collection intitulé Une introduction à… qui comporte plusieurs autres titres potentiellement intéressants (mais à mon avis nettement plus durs pour des premières années de BCPST). Il s’agit de Le nucléaire expliqué par des physiciens sous la direction de Bernard Bonin et disponible ici pour la somme de 30 euros.

Le nucléaire expliqué par des physiciens  - EDP Sciences

Le livre est divisé en 6 grandes parties.
– Une introduction à la radioactivité, qui ne devrait pas apprendre grand’chose à des étudiants ayant sérieusement appris leur cours.
– Un panorama de la radioactivité dans l’environnement et le vivant, qui présente les différentes sources de radioactivité naturelles et artificielles, et qui explique comment on évalue les risques liés à l’irradiation, ce qui est loin d’être un problème simple.
– Une grande partie sur le fonctionnement d’un réacteur nucléaire, qui se clôt par la présentation des trois accidents nucléaires majeurs : Three Miles Island, Tchernobyl et Fukushima, avec pour ce dernier accident des informations qu’il est nécessaire de compléter (le livre est paru moins d’un an après la catastrophe de Fukushima).
– Un grande partie sur le « cycle de l’uranium », de son extraction à son exploitation dans la centrale puis au traitement du combustible usé (avec une présentation surtout axée sur la filière française qui organise le recyclage d’une partie du combustible), et qui se termine par les options de stockage des déchets ultimes.
– Une courte partie sur la place du nucléaire dans la production d’énergie, qui est elle aussi un peu obsolète puisque des pays comme l’Allemagne ont totalement révisé leur politique nucléaire depuis. la parution du livre.
– Une courte partie sur le futur du nucléaire avec une présentation des recherches en cours sur les réacteurs de troisième et de quatrième générations.

L’ensemble est d’un très bon niveau, précis et factuel. Ne nous en cachons pas, les auteurs sont partie prenante de la mise en œuvre du nucléaire en France, et leur opinion personnelle est que la filière nucléaire est mature et fiable, et que le nucléaire a de l’avenir. Cela transparait dans le texte, surtout dans les conclusions tirées, mais cela n’enlève rien à l’intérêt du livre : on peut s’informer sur la façon dont fonctionne un réacteur sans pour autant être d’accord avec la conclusion du paragraphe comme quoi c’est très fiable, ou s’informer des options qui ont été envisagées pour le stockage des déchets sans pour autant être d’accord avec celle qui a été retenue.

Il est bien entendu tout à fait autorisé de ne pas être d’accord avec l’opinion que le nucléaire est une filière d’avenir, et il est même recommandé de s’informer chez la concurrence. Tous les scientifiques ne sont d’ailleurs pas d’accord sur l’avenir du nucléaire, loin s’en faut, et des physiciens de tout premier plan militent pour une sortie du nucléaire. Cela n’est pas une raison pour ne pas s’informer sur ce qu’est le nucléaire et la façon dont il est géré en France car, comme je le disais au début, qu’on le veuille ou non, le nucléaire fait partie de notre environnement (la centrale de Nogent sur Seine est à environ 100 km de Paris et il va bien falloir faire quelque chose des déchets nucléaires). L’aspect scientifique et technique est un préalable indispensable pour se forger une opinion, qui doit être complété par des débats sur les aspects éthiques, sociaux, économiques, environnementaux ou médicaux.

A l’heure actuelle, il est probable que les énergies renouvelables soient presque mûres pour prendre le relais des énergies non renouvelables (dont fait partie le nucléaire), ce qui n’était pas le cas il y a encore 20 ans. Mais pour le moment elles ne sont pas tout à fait mûres. L’Allemagne a décidé de sortir immédiatement du nucléaire et a remis en marche des centrales à charbon, qui constituent les plus gros émetteurs de métaux lourds dans l’atmosphère (mercure en particulier) sans compter l’émission de gaz à effet de serre ; la France a décidé de prolonger la vie des centrales qui étaient prévues pour être démantelées dans les années qui viennent. Ces choix politiques doivent faire l’objet d’un débat et être en définitive du ressort des électeurs. Les énergies renouvelables sont séduisantes à bien des aspects, mais pour l’instant on manque de recul. Certaines études suggèrent que le régime des vents est modifié par les champs d’éoliennes, et la fabrication des panneaux solaires nécessite pour l’instant des minéraux plutôt rares donc des activités minières importantes et polluantes. Comme pour le nucléaire, une phase de maturation est nécessaire pour parvenir à sélectionner les meilleures options.

La mission Philae et les inévitables ovni

Il y a des gens assez cinglés pour avoir imaginé un jour (il y a quand même pas mal d’années maintenant) qu’on pourrait envoyer un appareil pour aller se poser sur une comète. Et en plus, ils ont réussi à convaincre qui il fallait de débourser la (modique) somme de 1 milliard d’euros pour y arriver.

Aujourd’hui que la sonde Rosetta est en orbite autour de la comète Machin-Chouette et que le module Philae s’y est posé, il faut se rendre à l’évidence : il y a des cinglés qui ont de d’envergure. En revanche, il y a d’autres qui sont juste cinglés.

En effet, malgré les extraordinaires photos visibles sur le site du CNES et les scoops sur l’odeur méphitique (la preuve par un magnifique spectre de masse) que doivent supporter les habitants (à ma connaissance, un seul connu : le Petit Prince

Le Petit Prince : Saint-Exupéry, Antoine de

qui habite bien sur une comète … mais à part ça c’est pas la peine de lire le livre, qui est quand même un peu faible),

malgré les données qui s’accumulent, disai-je, les comploto-ovniologues n’ont pas tardé à faire toute la lumière sur cette triste machination. Comme le relate cet article du Guardian (en Anglais), il est « prouvé » de façon irréfutable par certains que cet astéroïde est en fait un vaisseau extraterrestre. Il faut reconnaitre que leur vaisseau a une forme un peu bizarre, mais bon hein, on peut pas s’attendre à ce que les extraterrestres aient le goût de la symétrie (c’est quand même pas des gens de chez nous). Et d’ailleurs il est « prouvé » qu’ils ont déjà essayé de « communiquer » avec nous. Mais comme on nous cache tout on nous dit rien, les autorités ne nous ont pas encore dit si le message envoyé est rassurant ou menaçant (ce qui est quand même gênant tant qu’on n’est pas fixés sur la question de savoir s’ils ont ou non le rayon de la mort). Enfin, c’est quand même rassurant de penser qu’on aura bientôt la réponse à cette interrogation maintenant ancienne : est-ce que c’est bien eux qui ont construit les pyramides d’Egypte ? Je suggère, histoire de n’oublier personne, qu’on envisage un peu sérieusement la présence du Yéti à bord, parce que ça fait longtemps qu’on n’a pas entendu parler de lui.

Bref, ne nous laissons pas gâcher le plaisir de voir une comète comme si on y était, par des rabats-joie qui ne peuvent pas s’émerveiller en toute simplicité qu’on soit capable de faire des trucs aussi fous.

Résultats de la BCPST du lycée Fénelon aux concours 2014

La présentation des résultats de la BCPST du lycée Fénelon est faite ici non pas en considérant les intégrations finales des étudiants dans les écoles, mais plutôt en considérant les écoles qu’ils auraient pu intégrer. Par exemple, une élève de la classe avait un rang final lui permettant d’entrer l’ENGEES, une très bonne école du concours G2E, mais a refusé cette intégration pour s’orienter vers une autre voie. En comptabilisant les seules intégrations, cette élève serait considérée comme un échec de la formation, alors qu’en considérant les intégrations possibles, il est clair que le parcours de cette élève en classe préparatoire a été couronné de succès !

L’effectif de la classe était de 47 en 2013-2014, et tous les étudiants ont passé au moins un concours. Sur ces 47 candidats, seuls 4 n’ont d’admissibilité à aucun concours (soit moins de 10%). Parmi ces élèves, 2 redoublent et 2 décident de continuer leurs études à l’université, où ils sont admis en L3 (ce qui revient à dire qu’ils ont validé leurs deux années de classe préparatoire).

Les 43 élèves admissibles à au moins un concours se sont tous vus proposer au moins une intégration, ce qui porte la réussite globale de la classe à plus de 90%. Cependant 3 élèves démissionnent des écoles qui leur sont proposées pour redoubler en 5/2 dans l’espoir d’une meilleure intégration (en école vétérinaire entre autre), une démissionne (quoiqu’admise à l’ENGEES) pour se réorienter vers une autre formation (l’ESIEE à Marne-la-Vallée) et un démissionne pour poursuivre dans un cursus universitaire. En définitive, 38 élèves de la classe intègrent effectivement une école ouverte aux différents concours de la filière.

Concours ENS

Sur la poignée d’élèves qui ont présenté le concours, 3 sont admis à l’ENS de Lyon, et 2 intègrent effectivement cette école, le troisième préférant intégrer une école vétérinaire.

Concours Agro

Sur les 47 élèves inscrits, 43 sont admissibles (plus de 90%). Au regard du classement final:
– 9 élèves ont la possibilité d’intégrer l’AgroParisTech (soit près de 20% de la classe),
– 16 élèves ont la possibilité d’intégrer une agro majeure (Toulouse, Montpellier, Rennes), soit 1/3 de la classe,
– 27 élèves ont la possibilité d’intégrer l’ENSAIA de Nancy (près de 60% de la classe),
– 41 élèves ont la possibilité d’intégrer une école (soit un peu moins de 90% des inscrits).
En définitive, seuls 24 élèves intègrent effectivement une école Agro, les autres démissionnant pour une école d’un autre concours. En outre 1 élève intègre une école du groupe Polytech qui recrute sur ce concours.

Concours Véto

Sur les 22 élèves inscrits, 6 sont admissibles puis admis à l’issue de l’oral, soit un peu plus de 1/4 des inscrits. En définitive, 5 élèves entrent effectivement dans une école vétérinaire (dont un qui renonce à l’ENS Lyon), et 1 démissionne pour entrer à l’AgroParisTech.

Concours G2E

Sur les 44 inscrits au concours, 39 sont admissibles (presque 90%) et 25 sont classés à l’issue de l’oral avec possibilité d’intégrer une école (55% des inscrits) :
– 15 peuvent entrer à l’ENSG de Nancy (35% des inscrits, avec tout de même un étudiant classé 2è du concours et un autre classé 15è !),
– 24 peuvent entrer à l’ENGEES (50% des inscrits)
– 10 peuvent entrer à l’ENTPE dans le cursus fonctionnaire (dont le 1er du concours!) et 18 dans le cursus civil.
En définitive, 6 élèves intègrent une école du concours.

Conclusion générale

Le rapport entre élèves auxquels une école est proposée et élèves ayant présenté le concours est donc de presque 90% au concours Agro et 55% au concours G2E. Dans les intégrations finales, 20 élèves intègrent une école de tout premier plan (Véto, AgroParisTech, ENSG et ENS Lyon). C’est dans l’ensemble un résultat très satisfaisant, et nous félicitons l’ensemble de cette promotion pour leur réussite.

A propos des humains mangeurs d’animaux d’élevage

Encore un article d’Audrey Garric, cette fois sur les conditions d’élevage totalement scandaleuses du plus sympathique des animaux. Tous ceux qui me connaissent comprendront à quel point je suis déprimé par la lecture d’un tel document !

Pour ceux que les enjeux des conditions d’élevage intéressent, je signale que l’INRA (Institut National de la Recherche Agronomique), qui est le potentiel employeur futur de quelques uns de mes élèves et d’ailleurs aussi l’employeur actuel de quelques uns de mes anciens élèves, a mené une étude sur le thème des douleurs animales en élevage, dont le rapport est publié aux éditions Quae dans la collection Matière à débattre et à décider.

Ce livre trace l’état des lieux des connaissances, encore partielles faute de moyens d’étude (ce n’est certes pas les éleveurs qui ont intérêt à financer des études sur leurs pratiques), sur les douleurs infligées aux animaux d’élevage et aux conditions d’abattage. Le livre se termine sur quelques expérimentations en cours et des pistes pour améliorer la situation. Précisons, pour les fanatiques de tout poil, que je ne suis pas un partisan de la suppression de la viande dans l’alimentation. Je pense en revanche qu’on pourrait en manger largement 10 fois moins, quitte à la payer plus cher, et que les mécanismes de soutien à l’élevage, comme d’ailleurs à l’agriculture et à la pêche, sont totalement à revoir tant au niveau national qu’européen.

A propos des animaux mangeurs d’hommes

Je vous signale cet article d’Audrey Garric (journaliste au Monde) sur les animaux qui représentent un danger pour l’homme. Le naturaliste Yves Paccalet, qu’elle interroge, remet les pendules à l’heure sur les morts respectives. On ne le croirait pas comme ça, mais les éléphants causent bien plus de décès humains que les loups ou le ours, et les éléphants ne sont encore rien comparés aux escargots ou aux moustiques.

Somme toute, rien qu’on ne sache déjà, mais qui va mieux en le redisant, surtout à l’heure où le loup est aux portes de Paris.