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Correction du devoir en temps limité de chimie n°3

Le devoir de chimie n°3 est satisfaisant, même si j’ai été un peu généreux dans la notation, histoire de remonter un peu la moyenne (11/20) et le moral après le devoir de physique. La moyenne est atteinte par 26 copies, et 5 copies ont entre 9 et 10.

Le premier problème est tout juste satisfaisant, mais étant donné le caractère récent du cours sur la délocalisation électronique, j’ai été assez coulant.

Je ne commenterai pas ceux qui ignore la formule de l’ozone, qui a été notre exemple pour introduire en cours la notion de délocalisation. Remarquons également qu’il n’est pas très convaincant de dire que l’ozone ne peut pas être cyclique sans quoi les liaisons seraient toutes simples sans faire le schéma correspondant. Je ne peux que m’étonner également de votre peu de pragmatisme : mon premier réflexe pour écrire la formule des ions O2+ et O2- est de partir de la formule de Lewis de O2 et d’enlever ou d’ajouter un électron. La discussion sur les longueurs de liaison nécessitaient, plutôt que des explications filandreuses, l’écriture de forme mésomère limite permettant de discuter de la multiplicité de la liaison. Notons qu’une explication plus juste de ces longueurs de liaison nécessite la description de la molécule en terme d’orbitales moléculaires, ce qui n’est pas au programme de BCPST.

Je déplore que beaucoup d’entre vous n’aient pas pris la peine de commencer par compter le nombre d’électrons dans les oxydes de soufre. Comment est-il possible d’écrire une formule de Lewis sans savoir combien d’électrons il faut placer ? Cela est d’autant plus navrant lorsque, sur la même page, sont représenté le trioxyde de soufre SO3 et l’ion sulfite SO3^2- avec le même nombre de doublets !

Le second problème est plus satisfaisant. Notons cependant que la définition d’un narcotique est approximative (vite, un dictionnaire !) et que lorsqu’on demande une masse, il n’est pas recommandé de répondre un volume.

Corrigé du devoir en temps limité de physique n°3

Le devoir de physique n’est pas bon, avec une moyenne de seulement 8,5/20. Je ne vais faire semblant d’être surpris, car c’est habituel que le devoir sur les circuits en régime continu soit une catastrophe. Cela dit, c’est navrant car c’est une partie du cours où les difficultés de calcul sont les moins grandes. La moyenne est atteinte par 11 copies, et 6 ont entre 9 et 10.

Le premier problème est moyennement réussi. Si je me réjouis que presque toute la classe soit capable d’établir la loi de pression en fonction de l’altitude, je suis en revanche plus circonspect sur les applications numériques. J’aimerais bien savoir si tous ceux qui ont simplement multiplié la masse molaire en g/mol et l’altitude en km se sont vraiment rendu compte que cela marchait parce que les puissances de 10 apparaissant dans les conversions d’unité se simplifiaient. Dans certaines copies, il est apparu clairement que si l’altitude était convertie en mètres, en revanche la masse molaire est restée en g/mol. Je rappelle encore une fois que l’unité légale de distance est le mètre et l’unité légale de masse est le kilogramme.

En physique, on attend une réponse sous forme d’une expression littérale avant toute chose, même s’il est parfois commode de la transcrire sous une forme numérique. C’était le cas aux questions 1, 3 et 4. Cependant, lorsqu’une formule du type P = 10^5 exp(-z/8500) est donnée, il est indipensable de préciser les unités à employer pour l’appliquer ! L’altitude z dans cette formule est-elle en mètres ou en kilomètres ? De même, une expression de la température sous la forme T = – 6,8z + 283 n’a de sens que si on précise si z est en mètres ou en kilomètres. Sans quoi, c’est impossible de savoir comment faire un calcul.
Dans le même ordre d’idées, donner a et b sans aucune unité dans l’expression T = az + b ne peut évidemment apporter aucun point : T en K ou en °C ? z en m ou en km ?

Je suis un peu déçu que l’explication physique de la main gonflée du parachutiste américain. Dire que c’est parce que la pression augmente vite au cours de sa chute n’est guère convaincant. Je n’ai eu la remarque de bon sens comme quoi le corps humain est adapté à une pression d’environ 10^5 Pa que dans une poignée de copies. En conséquence, on peut supposer que la pression interne du corps est d’environ 10^5 Pa, de sorte que les forces pressantes sur la peau se compensent. A haute altitude, l’intérieur du corps est en surpression par rapport à l’extérieur, d’où le gonflement.

La prise en compte du gradient de température a usuellement été correctement traité tant qu’il s’est agi d’intégrer l’équation différentielle. En revanche, trop de fois tout le calcul a été gaché par la touche finale. Si ln(P/P0) = K ln(Az), alors on N’a PAS : P/P0 = Az exp(K), ce qui serait l’application du théorème parfaitement faux : exp(ab) = exp(a) exp(b).

Dernière remarque, le modèle avec T variable n’est valable qu’entre 0 et 11 km d’altitude. En revanche, de 11 à 20 km, c’est le modèle isotherme qui est valable, puisque la température est constante comme le montre le schéma.

Le second problème est nettement plus catastrophique,  bien que je me réjouisse que l’équivalence Thévenin – Norton soit connue et maitrisée par une majorité de la classe.

Il faut absolument que vous vous mettiez dans le crâne que les données d’un problème d’électrocinétique sont les valeurs caractéristiques des dipôles indiqués sur le schéma du montage. Lorsqu’en plus il est explicitement demandé d’exprimer U en fonction de e, R et r, donner une réponse en fonction d’une intensité i ne peut pas convenir. Il est très très rare qu’une intensité soit une donnée connue dans un circuit.

D’autre part, la réponse à la question 4 a rarement été satisfaisante. Certes, beaucoup d’entre vous ont correctement identifié la valeur de R0 en lisant l’abscisse du maximum de la courbe, mais encore fallait-il montrer que cette courbe donnait effectivement cette valeur. Il suffisait évidemment de montrer que f(x) correspondait numériquement à la fonction P(R).

Je ne peux également que soupirer lorsque je constate que beaucoup de copies ont discuté de la grandeur physique qui se cachait derrière la capacité de la batterie, en analysant l’unité A/h (ampère par heure). Si vous lisiez attentivement l’énoncé, vous auriez remarqué que cette capacité est en Ah (ampère heure), ce qui n’est pas la même chose. Une intensité multipliée par un temps, c’est une charge électrique.

Sensations fortes dans un cimetière

Des centaines d’inconscients tentent tous les ans l’ascension de l’Everest, le but étant d’arriver à l’aube en haut pour faire une magnifique photo. J’adore la montagne, et c’est un vrai plaisir d’arriver en haut d’un sommet et d’avoir une vue magnifique. A pieds. Je réussis à imaginer qu’on puisse préférer arriver en haut après quelques heures d’escalade, quoique franchement je ne vois pas quel plaisir je pourrais bien en éprouver. Mais l’Everest, là ça me dépasse.

Au-delà de 7900 mètres, il est impossible de survivre sans une préparation intense : chaque aspiration fournissant seulement 30% de la quantité normale d’oxygène, tout le métabolisme est affecté, sans compter le cerveau. Les amateurs commencent donc par passer une semaine dans le « camp de base » vers 8000 mètres d’altitude pour habituer leur organisme. Le camp de base, c’est une sorte de camping au milieu d’une sinistre plaine de neige, avec des centaines de gens dans des combinaisons de ski. Ensuite, on peut atteindre le sommet par une ascension de 4 jours, dont la dernière étape (du camp 4 au sommet) doit être entamée vers minuit histoire d’arriver en haut à l’aube et d’avoir le temps de redescendre quand il fait encore jour. Ah ! le bonheur de la haute montagne, la solitude des sommets ! harnaché dans leur matos, avec des bouteilles d’oxygène sur le dos, les aventuriers s’accrochent à la corde qui suit le parcours, et montent à la queue leu-leu. Jusqu’à 40 personnes à la file.

On me retorquera que, au moins, c’est un endroit de nature intacte, que l’homme n’a fait qu’effleurer, la beauté de la montagne récompensent les grimpeurs. Bon, d’abord, comme vous l’aurez compris, lors de la montée, il fait nuit, et en fait de paysage, on voit ce que sa lampe frontale éclaire. A la redescente, la fatigue est telle que je doute que quiconque admire les lieux. Et c’est tant mieux, car l’Everest, c’est surtout une grande poubelle : chaque pas étant une épreuve, on ne va quand même pas s’encombrer d’un sac poubelle. Le trajet est jonché d’ordures diverses, boites de conserve vides, sacs en plastiques, centaines de bouteilles d’oxygène vide, etc. Ces fainéants de Népalais n’ont pas envoyé les éboueurs ! et les opérateurs privés qui contrôlent le tourisme de l’ascension de l’Everest n’ont pas jugé bon d’organiser le nettoyage. D’ailleurs pourquoi le feraient-ils ? Leurs clients ne sont manifestement pas là pour le paysage. Ils sont là pour se « dépasser » (formule politiquement acceptable pour dire : « c’est moi qui fait pipi le plus loin »).

Se dépasser. Certes. Mais qu’entend-on par là ? Monter et redescendre en ayant la satisfaction de se dire qu’on est plus fort que ceux qui l’ont tenté aussi et qui y sont resté ? Car en plus d’être une poubelle, l’Everest est un cimetière à ciel ouvert. Le parcours est jonché de cadavres, bien pratique ma foi, puisque chacun d’eux fait office de panneau qui indique la distance à parcourir jusqu’au sommet. Un des plus célèbres s’appelle « green boots », mort en 1996, mais il n’est pas très fun, il est encore tout habillé et en plus face contre terre, on ne voit pas à quoi il ressemble ! Il y en a d’autres qui valent plus le détour, dans des états de momification plus ou moins avancés.

N’en déplaise à ceux qui ne croient pas au réchauffement climatique, toutes ces ordures et tous ces cadavres en décomposition commencent à poser problème, car ils sont de moins en moins congelés et commencent à poser un problème de pollution des cours d’eau qui prennent leur source dans le massif, cours d’eau qui alimentent des millions d’habitants.

Bref, si le coeur vous en dit, vous pouvez en lire plus, voir les portraits et cliquer sur des liens sur ce blog (en Anglais), que j’ai trouvé grâce à la page big browser du Monde. En prime, en cliquant sur le lien en bas du blog suscité, vous pourrez visionner un reportage (en Anglais) à faire froid dans le dos. En 2006, une équipe a effectué l’ascension, constituée d’un double amputé et suivi par une équipe de tournage ; lors de sa montée, elle a rencontré un homme mourant de froid, l’a filmé, lui a dit de ne pas rester immobile, et est repartie sans même informer le camp de base par radio. Des dizaines de personnes sont passé devant lui pendant 24h durant lesquelles il était encore vivant, et nul n’a pu le rater, puisqu’il était encore accroché à la corde et que chacun d’entre eux a dû décrocher son mousqueton de la corde pour passer. On peut m’expliquer tout ce qu’on veut sur le thème : « oui, mais chacun sait les risques qu’il prend, il faisait nuit, on doit d’abord penser à se sauver soi-même, et d’ailleurs il avait déjà l’air mourant (24 heures après, cet homme vivait toujours, je le rappelle), il n’a pas été prudent, etc ». Cet homme était à moins d’une heure de marche du camp IV, où il y a des tentes et de l’équipement.

Pas un seul des grimpeurs ce jour là n’a renoncé à son jour de gloire. Je ne jugerai pas quelqu’un qui a laissé derrière lui un blessé dans un bateau qui coule, dans un bâtiment en flammes ou dans une ville bombardée. Mais quand on préfère atteindre le sommet de l’Everest plutôt que tenter de sauver un homme, même assez stupide pour tenter cette grotesque aventure, on a quitté l’humanité.

L’essai du mois de décembre

Retour à l’histoire ce mois-ci, avec un court essai de Georges Duby, Le dimanche de Bouvines, disponible en format poche dans la collection folio histoire.
A Bouvine, le 27 juillet 1214, Le roi de France Philippe Auguste remporte une victoire éclatante sur l’empereur du Saint Empire Romain Germanique, Othon, et ses alliés. Cet événement est l’une des dates marquantes de l’histoire de France, puisqu’elle a affermi de façon considérable le prestige et le pouvoir des Capétiens, au point de faire d’eux et jusqu’à la mort de Philippe le Bel cent ans plus tard, les souverains les plus puissants d’Europe.
Georges Duby, ancien professeur au Collège de France, est un des grands historiens de la période médiévale. Dans cet ouvrage, l’événement (la bataille de Bouvines) et le contexte historique sont intimement liés l’un à l’autre. En cela, Duby, comme d’autres historiens de sa génération, se démarque de la description de l’histoire par le petit bout de la lorgnette (l’histoire vue comme une suite de faits dissociés les uns des autres) autant que de la vision de l’histoire totalement globale dans laquelle les événements ponctuels sont considérés comme n’ayant pas d’importance fondamentale (une vision un peu marxiste de l’histoire en somme).

Pour commencer, Duby décrit avec minutie les sources sûres ou moins sûres qui nous renseignent sur l’événement: qui était là? avec quel armement? et reproduit le témoignage de Guillaume Le Breton, qui était présent à la bataille. On comprend tout le problème de l’historien de retrouver la réalité d’un événement dans le fatras des sources souvent lacunaires, et dont la plupart ne relatent pas les faits de façon objective (si même cela était possible) mais dans un but clairement hagiographique (du côté Français, toutes les sources concordent : cet événement est le signe de la suprématie du Roi de France).
Dans une seconde partie, il fait un commentaire d’historien moderne, c’est-à-dire de façon dépassionnée par rapport à l’événement. Pour cela, il commence par replacer la bataille dans le contexte de l’époque : qu’est-ce que faire la guerre au Moyen-Age ? selon quelles règles ? que se passe-t-il lors d’une bataille ? et que signifie la gagner ? quelles en sont les conséquences politiques et surtout financières ? En fait, la bataille est un fait rare, surtout lorsque deux souverains y participent. La plupart du temps, la guerre se fait sans combat, à coup d’intimidation et de palabres. Et lorsque la bataille est inévitable, c’est surtout la piétaille qui s’entretue, les nobles combattent comme au tournoi, avec pour but principal de faire des prisonniers parmi les nobles ennemis. En effet, gagner une bataille est avant tout une affaire de gros sous : les prisonniers sont échangés contre rançon. A Bouvines, des centaines de chevaliers se sont affrontés, mais les morts parmi eux se comptent sur les doigts d’une main ! En revanche, les nombreux prisonniers faits par l’armée du Roi de France a rapporté à celui-ci et à ses vassaux des sommes considérables, faisant de Philippe Auguste à la fin de son règne, puis de ses successeurs des rois riches et donc puissants.
Enfin, le dernière partie est consacrée à ce que la suite de l’histoire a fait de cette bataille. L’école de la République (la IIIè pour commencer) a fait de cet événement un fait marquant de l’histoire de France ; c’est une victoire éclatante contre l’ennemi de toujours, les Allemands. En 1914, il a été fêté en grande pompe le 700è anniversaire de Bouvines, cela allait bien dans le contexte.

Ce livre est passionnant à plus d’un titre, car il met montre bien à quel point notre vision du Moyen-Age (je veux dire celle qu’ont les non historiens tels que moi) est totalement biaisée et déformée par la façon dont l’histoire est racontée aux enfants.

Le roman du mois de novembre

Une fois n’est pas coutume, je propose aux esprits fatigués en ce début d’hiver, un livre facile dont tout le monde parle (ou a parlé dans un passé récent). Il serait d’ailleurs plus exact de dire que tout le monde a parlé du film qui en a été tiré, et que je n’ai d’ailleurs pas vu. Comme j’apprécie de joindre l’utile à l’agréable, je vous conseille évidemment de le lire en version originale qui, heureusement pour vous, n’est pas en Ouzbeck mais en Anglais.

Bref, je vous recommande de lire The Hunger Games Trilogy, dont les trois volets sont The Hunger Games, Catching Fire et Mockingjay, le tout écrit par Suzanne Collins dans un Anglais à la portée de n’importe quel débutant, et édité chez Scholastic pour la modique somme de 7,99 livres sterling (il faut donc se dépêcher de l’acheter avant que l’euro ne vaille plus rien du tout). Attention, il faut aller tout en bas de la page web pour trouver l’édition originale du livre ; en haut, vous pouvez vous faire vendre divers produits dérivés, y compris les anecdotes sur le tournage du film, on se demande qui ça peut bien intéresser ce genre de trucs.

A dire vrai, vous pouvez vous limiter aux deux premiers tomes, qui sont les seuls qui tiennent la route, le premier étant le meilleur des deux.

The Hunger Games, pour ceux qui ont été insensibles aux bandes annonces auxquelles même moi je n’ai pas réussi à échapper, se situe dans notre monde à une époque future, dans laquelle une partie des Etats Unis sont devenu une dictature connue sous le nom de Panem (les latinistes se réveillent !). Panem est divisé en 12 districts séparés les uns des autres par des forêts sauvages et inhospitalières, et entre lesquels les habitants ne sont pas autorisés à voyager. Le seul contact entre eux se fait pas le biais de la télévision, dont le but est d’anesthésier les esprits. Afin de maintenir une efficace pression sur les habitants, des jeux sont organisés chaque année, mettant aux prises un garçon et une fille tiré au sort dans chaque district, dans une arène gigantesque et recelant de multiples pièges, dont le but est de trucider tous les autres pour gagner, le tout sous l’oeil des caméras qui retransmette le spectacle complet à la télé. Le récit est particulièrement efficace pour deux raisons. D’abord, l’intrigue est resserrée autour de quelques personnages crédibles et bien plantés, psychologiquement complexes et en tout point humains. D’autre part, le monde décrit est lui aussi crédible: téléréalité et jeux du cirque sanguinaires. On a déjà vu de tels jeux par le passé et la téléréalité la plus abjecte, ma foi, c’est le lot des malheureux possesseurs d’un téléviseur (et en plus, ils paient 125 euros par an pour ça !). Enfin, toute l’intrigue tourne autour d’une action unique: la préparation et le déroulement des jeux. Bref, unité de temps, de lieu et d’action, les grammairiens du 17è siècle avaient déjà clairement énoncé ces règles efficaces. Le résultat est à la hauteur : c’est carrément flippant car c’est carrément crédible ! Sans compter qu’il y a la petite histoire d’amour pour les coeurs tendres et que le suspens est complet jusqu’au bout. Bref, une réussite inattendue pour un livre qui a donné lieu à un film à grand spectacle.

Le second tome a les mêmes qualités que le premier, même si l’effet de surprise est passé. Il relate ce qui se passe après les jeux. Les vainqueurs, sous l’oeil suspicieux et malveillant des autorités, doivent jouer leur rôle de star auprès du peuple. C’est une méthode bien connue : pour endormir les esprits, montrez leur des vedettes, surtout s’il s’agit d’un couple de jeunes et beaux amoureux. C’est une heureuse surprise que l’auteur ait réussi à écrire une deuxième séquence de jeux sans retomber dans la répétition et en maintenant un suspens quasi intact.

Malheureusement, le troisième tome n’est pas à la hauteur. La faute est claire : plus d’unité de lieu, plus d’unité d’action, plus d’imagination. La rébellion se lève, opportunément soutenue par un 13è district insoumis et puissamment armé, qui semble sortir de nulle part. Les batailles sont décrites à la va-vite, sans aucune crédibilité, la capitale de Panem est prise d’assaut en deux temps trois mouvements, à tel point qu’on s’étonne que ça n’ait pas pu arriver avant. Bref, c’est du grand guignol. A ce propos, il me semble que l’auteur se soit inspiré (pour ne pas dire ait plagié) au moins deux livres pour décrire cette bataille finale. La ville parsemée de pièges destinés à arrêter les assaillants, ça a déjà été fait, magistralement, par Robert Silverberg dans son excellent L’Homme dans le labyrinthe, et la prise d’une ville par une armée rebelle, c’est également déjà fait dans un esprit proche dans un assez mauvais livre de Raymond Feist nommé Silverthorn (à dire vrai, c’est le moins mauvais des 4 tomes de cette oubliable série). Je vous le dit d’emblée : la rébellion gagne, inutile de tout vous farcir. A la limite, contentez-vous du dernier chapitre pour savoir qui, de ses deux prétendants, l’héroine finit par choisir. C’est vrai, quoi, en fait, c’est la seule chose qu’on veut savoir dans ce dernier tome.

Correction du devoir en temps limité n°1

La moyenne du devoir est de 11,1/20. 30 copies ont une note supérieure à 10 et 5 copies ont une note entre 9 et 10. C’est donc plutôt un devoir réussi, d’autant que la majorité des copies qui ont une mauvaise note me semblent plutôt relever d’erreur de stratégie, de panique ou d’erreurs d’étourderie certes navrantes mais clairement susceptibles d’amélioration ultérieure. Je ne suis donc actuellement inquiet pour aucun d’entre vous, même ceux qui ont eu une mauvaise note. Soyez bien conscient que nous sommes plus confiant dans la réussite d’un étudiant qui progresse continument au cours de l’année que dans celle d’un étudiant qui stagne à un niveau moyen.

Concernant ce que j’appelle les erreurs de stratégie, n’oubliez pas que vous vous préparez à un concours, et que le but est d’avoir la plus haute note possible. En conséquence, il peut parfois être préférable de laisser tomber une question sur laquelle on bloque, plutôt que d’y perdre trop de temps. Il ne faut cependant pas se laisser aller au papillonnage consistant à faire les questions faciles en laissant systématiquement de côté les questions plus difficile, car cela exaspère généralement le correcteur et le rendra moins bienveillant à votre égard. On peut noter avec une certaine souplesse une question difficile abordée mais inachevée ou entachée d’une erreur de calcul, alors qu’on sera intransigeant sur les erreurs faite par un étudiant qui ne résout que les questions faciles. La stratégie d’un écrit de concours est une des choses sur laquelle vous devez vous entrainer.

Dans un autre registre, il me semble que le cours n’est pas totalement dominé, et c’est un tort. Les sujets de concours sont originaux et ne sont pas la 153è version d’un exercice fait en cours. Or, face à un énoncé original, c’est sur le cours que vous devez vous appuyez ; les multiples exercices d’entrainement vous font acquérir des techniques de calcul et de raisonnement, mais sans le support du cours, ils ne vous permettront pas de réussir.
Ainsi, les formes acido-basiques d’un acide aminé ne sont pas bien connues. Qu’on se trompe sur l’acide glutamique ou la lysine est compréhensible, même si le cours devait vous permettre de trouver les charges de toutes les formes en fonction du pH. En revanche, il est inadmissible de ne pas connaitre les formes de la thréonine, est positive, un acide aminé d’une banalité absolue.
De même, on peut tout à fait se tromper dans un calcul ou un tableau d’avancement, mais ne pas identifier la réaction prépondérante n’est pas normal : lorsque l’enzyme libère des ions H3O+, ceux-ci sont le meilleur acide introduit dans le milieu réactionnel et vont réagir sur la meilleure base présente c’est à dire RNH2.
Bien connaitre le cours est également le meilleur moyen d’utiliser au mieux les données de l’énoncé. Lorsqu’il est question d’un champ électrique E et de particules chargées, la force qui s’applique sur les particules est qE. Pourquoi aller chercher des interactions entre les différentes molécules, dont on se doute bien qu’on ne se sortira pas : il y en a trop ! Si on met un champ électrique, c’est bien dans un but précis. La lecture de l’énoncé doit orienter votre réponse.

D’une façon générale, mais cela n’est pas spécifique à votre année, les étudiants ne lisent pas l’énoncé assez attentivement, et cela nuit à leur efficacité. Face à un sujet, vous devez impérativement prendre 10 minutes pour parcourir la totalité du sujet. Cela vous permet de repérer quel est le but du problème et donc dans quelle optique on vous fait travailler et par voie de conséquence dans quelle partie du cours on se situe et quelles sont les formules qui vont être utiles. Au cours de votre lecture rapide mais attentive, vous pouvez repérer les questions qui vous semblent faciles, proches du cours, ressemblant à quelque chose que vous avez déjà fait en cours, en exercice ou en colles. Vous devez impérativement vous réserver du temps pour traiter ces questions : il est trop bête d’avoir passé du temps sur des questions difficiles et avoir séché, et ne pas avoir fait les questions que vous maitrisez ! C’est ce qui est arrivé à certains d’entre vous.

En conclusion, ceci n’est que la première note. La seule note qui compte, c’est celle que vous aurez le jour du concours. Vous avez donc encore 18 mois pour vous y préparez, et cette première note, même mauvaise, n’a aucune signification particulière et ne doit donc pas vous faire sombrer dans l’euphorie (« trop facile, je suis déjà à l’agro paris ! ») ou encore moins dans le découragement (« tout est perdu, j’arrête tout ! »). Je peux vous citer plusieurs noms d’élèves qui vous ont précédé qui ont commencé avec une moyenne pathétique et qui ont intégré l’Agro Paris ; elles avaient toutes un point commun : elles ne se sont jamais découragé.

En tout état de cause, si vous êtes en soucis, nous sommes à votre disposition pour parler avec vous ou pour répondre à vos mels. N’hésitez pas à demander conseil.

La correction du devoir est en ligne sur le site des exercices de chimie. Les notes sont disponibles sur pronote, si tant est que vous y ayez accès.

Colles de physique – chimie

Les colles commencent la semaine prochaine, et c’est le moment d’expliciter un peu le principe du jeu.

Nombre de joueurs : 4 (trois élèves et un enseignant) de 17 à 67 ans.
Durée : environ 1 heure.
Lieu : n’importe quelle salle disposant d’un tableau assez grand, de préférence celle indiquée sur le colloscope.

Règle du jeu. Les élèves se placent au tableau, et s’attachent à répondre aux questions du colleur, qui peuvent revêtir la forme d’une interrogation sur le cours ou d’un exercice à résoudre. Il s’agit avant tout d’un entrainement à l’oral ; il ne s’agit donc pas d’un « écrit debout » où le tableau joue le même rôle qu’une copie. Sur le tableau, on peut noter les concepts utilisés (théorème, formules), les calculs (pas nécessairement tous les détails) et le résultat, l’ensemble devant ensuite être expliqué oralement au colleur, avec éventuellement davantage de détails, des remarques, des conclusions qualitatives. Une colle est donc avant tout un échange oral avec le colleur : apprendre à parler face à quelqu’un (même si on est timide, même si on n’est pas sûr de soi), expliquer et défendre un raisonnement. C’est aussi un exercice testant la réactivité du candidat : le colleur est là pour remettre sur la voie. Face à une erreur de raisonnement, il va poser une question, tendre une perche, que l’élève doit saisir et utiliser pour modifier son raisonnement ou ses conclusions. A la limite, un élève qui fait correctement un exercice classique intégalement au tableau sans jamais ouvrir la bouche fait une moins bonne colle qu’un élève qui se trompe un peu mais sait engager le dialogue avec le colleur et modifier son discours au fur et à mesure.

Fin du jeu : le décompte des points est effectué uniquement par le colleur, qui prend en compte les connaissances, la capacité de raisonnement, et bien entendu la qualité des échanges avec l’élève.

Quelques pièges à éviter.
– Se réfugier derrière ce qu’on a écrit au tableau. Il faut se forcer à parler et à s’expliquer.
– Que la colle soit un échange ne signifie pas qu’on doive submerger le colleur sous un flot de paroles ayant un rapport plus ou moins lointain avec le sujet. Ce n’est pas la quantité de parole qui est récompensée, mais sa qualité.
– Arriver en colle sans avoir appris son cours et commencer par dire « j’ai plein de questions sur le cours car je n’ai rien compris ». Ce n’est pas comme ça que ça marche. Ne pas avoir tout compris ne dispense pas d’apprendre les formules à connaitre, les unités, etc.
– Dans mon esprit, une colle n’est pas destinée à être une épreuve, mais une aide. Une colle est l’occasion simultanément : de faire le point régulièrement sur son travail et l’assimilation des notions vues en cours, de savoir si on travaille de façon efficace ou non, d’éclaircir des points un peu flous à l’occasion de l’échange avec le colleur (avoir un point de vue différent de celui de son professeur est parfois très éclairant), et bien sûr de s’entrainer à l’épreuve orale du concours. En conséquence, vous ne devez pas ressentir les colles comme un piège, une fatalité, un horrible moment à passer ou une rencontre avec un dangereux sadique, sans quoi d’une part votre année sera un enfer et d’autre part les colles ne vous apporteront rien.

Sans aller jusqu’à  dire qu’il s’agisse du système parfait, n’oubliez jamais que les colles sont une des raisons de l’excellence de la formation en classe préparatoires. Profitez-en pleinement.

Pour rire un peu pendant les vacances … et faire de l’Anglais

Comme vous ne l’ignorez pas, des hordes de scientifiques, tous peu scrupuleux et exclusivement poussés par l’appât du gain, prédisent un réchauffement climatique de plusieurs degrés d’ici la fin du siècle, et par voie de conséquence une montée du niveau des mers, pouvant aller jusqu’à 1 mètre. En attendant que quelques grands esprits comme Claude Allègre nous explique que le réchauffement climatique n’existe pas puisque sur l’Ouest de la France, il fait un temps pourri en ce mois de juillet, les Républicains de Caroline du Nord ont eu une réaction énergique. La Caroline du Nord est un état de la côte est des Etats-Unis, dont le rivage est en grande partie constitué de marais plus ou moins salé, d’une altitude quasi-nulle au-dessus du niveau de la mer. Il est donc particulièrement menacé par une hausse du niveau des mers. Pour régler ce problème, le sénat de l’Etat, tenu par le parti républicain, a voté une loi géniale. Tous les organismes et agences financés par l’état de Caroline du Nord pourront faire états de prédictions sur le niveau futur des mers uniquement si celles-ci se basent sur l’extrapolation des hausses constatées dans le passé, qui sont pour l’instant grossièrement linéaires. Autrement dit, les organismes publics de Caroline du Nord n’auront pas le droit de faire état des prédictions basées sur une augmentation exponentielle de la température et donc du niveau des mers, ce qui est pourtant le modèle le plus communément admis par les spécialistes du climat.

Plus de précision (en Anglais, c’est une obsession) ici.

Stephen Colbert, un humoriste américain en a fait un show télévisé absolument hilarant, disponible ici. Afin de bien comprendre le sel de la plaisanterie, je précise que le mot crane, la grue, a le même double sens qu’en Français, et que x au carré (x^2) se dit squared x ou x squared en Anglais.

Pour faire un peu d’Anglais pendant les vacances

Je vous invite à lire l’excellent site Yale Environment 360, une publication électronique de la prestigieuse université de Yale aux Etats-Unis. Il fourmille d’articles et de reportages ayant trait à des questions d’environnement, tous en Anglais ce qui permet de remplacer avantageusement un séjour linguistique à Yale …

Parmi les dernières publications, je vous signale deux articles ici et sur l’inquiétante baisse du niveau de la Mer Morte, principalement due aux prélèvements massifs dans le Jourdain, pour l’alimentation en eau potable de Tel Aviv et pour l’irrigation, et sur les projets pharaoniques d’alimentation de la Mer Morte à partir de la Mer Rouge.