Monthly Archives: janvier 2009

Scoop ! Le réchauffement climatique est une vaste blague …

… c’est du moins ce qu’affirme le président tchèque et président en exercice de l’Union Européenne pour les 6 mois à venir, Vaclav Klaus, selon cet article du Monde.

Ce Monsieur se situe donc dans la catégorie, vaste en nombre et surtout très influente, de ceux qui parlent de ce qu’ils ignorent (de préférence sur un ton très assuré) et pour tout dire de ce qu’ils sont incapables de comprendre. Appartiennent à cette catégorie en France des poids lourds en terme d’influence comme Claude Allègre (mondialement connu pour ses travaux en physique du globe) ou Maurice Allais (seul Français à ce jour à avoir obtenu le « prix Nobel d’économie »). Evidemment, tous ces gens ne sont pas des nouilles. Ce sont même des gros calibres dans leur domaine. Seul problème : leur domaine n’est pas le climat, mais l’économie ou la politique ou les deux. Et quand je dis qu’ils sont incapables de comprendre, je ne veux pas dire qu’ils n’en ont pas les capacités intellectuelles, mais simplement que pour parler de façon pertinente du climat, il faut s’être intéressé de façon approfondie à la question, ce qui, comme pour tout autre domaine scientifique, nécessite des années de travail.

Je ne suis pas un écologiste (du moins je ne fais pas partie de la mouvance politique qui se réclame de l’écologie). Je suis un partisan du nucléaire civil. Je n’ai pas la moindre intention d’aller vivre dans une ferme sans électricité avec mes lapins. Mais je fais l’effort de m’informer avant de parler.

Pour tous ceux qui veulent en savoir plus sur le climat, je recommande vivement le livre de Jean-Marc Jancovici, L’avenir climatique, dans la collection Point sciences. Il date de 2002, et fait donc le point sur les connaissances d’alors sur le sujet. Monsieur Jancovici a un site internet d’une qualité exceptionnelle accessible à tout instant à partir de ce blog : son nom est Manicore.

Petit rappel à ceux qui n’ont pas le temps ou l’envie de lire sur le sujet. Un organisme, appelé Groupe Intergouvernemental sur l’Evolution du Climat, a été créé en 1988. Ce groupe commande à des scientifiques reconnus dans leur domaine (chimie, physique, océanographie, climatologie, glaciologie, bidulogie et machinologie) des travaux et expertises, dont les résultats sont soumis à une critique de la part des autres scientifiques du domaine (comme pour une publication scientifique classique dans un journal sérieux). Le GIEC rend ensuite un rapport tous les 5 ans environ, qui est approuvé par l’assemblée du GIEC. Il faut insister : ces experts sont indépendants, et le GIEC a son propre budget. Un scientifique qui raconterait des âneries pour satisfaire tel ou tel groupe de pression serait décrédibilisé au niveau mondial dans son domaine. Ce rapport scientifique est donc constitué de centaines de pages de comptes-rendus de recherche de haut niveau, et c’est incompréhensible pour le commun des mortels. Par ailleurs, le GIEC établit un rapport à destination des « décideurs » (gouvernements, entreprises, etc), plus court et donnant en langage « courant » les principales conclusions du rapport scientifique.

Le travail du GIEC est donc un travail scientifique de haut niveau, et en balayer les conclusions d’un revers de main relève au choix de l’obscurantisme (c’est du même niveau que penser que le Soleil tourne autour de la Terre, qui a d’ailleurs été créée il y a 5397 ans exactement, en vertu de ce que raconte un best-seller que je ne citerai pas), ou de la désinformation (mot signifiant très exactement : mensonge proféré en toute connaissance de cause).
Quelles sont les conclusions du GIEC ? C’est simple : le réchauffement climatique dû aux activités humaines est une réalité. Les paroles de Vaclav Klaus sont donc un mensonge patenté. S’il ne « voit pas les données statistiques sur le réchauffement climatique », c’est juste qu’il s’est abstenu de regarder là où elles sont clairement mises en évidence.

Que dit d’autre le GIEC ? Rien, et en particulier, le GIEC ne dit pas que le monde va disparaitre dans 50 ans !! Et c’est ce qui rend si grave l’aveuglement de chefs de gouvernement comme Monsieur Klaus. Ils refusent de voir les réalités les plus élémentaires. Comment alors commencer à discuter des risques encourus et des mesures à prendre ?

Les gouvernements se sont entendus lors d’une conférence internationale sur le climat, pour viser à stabiliser le taux de gaz à effet de serre à deux fois son niveau pré-industriel. Des paroles comme celles de celui qui dirige aujourd’hui l’Europe sont donc extrêmement inquiétantes, de même que les mesures prises aujourd’hui pour combattre la crise (plan en faveur de l’automobile entre autre).
C’est assez atterrant de constater que les difficultés économiques actuelles, qui pourraient être l’occasion de réfléchir à des modes de développement différents, ne sont au contraire que l’occasion pour des gouvernants de montrer leur incapacité à envisager l’avenir et à imaginer des solutions nouvelles.

A propos des résultats du lycée Fénelon

Les désormais classiques, et toujours aussi pathétiques, classements des classes préparatoires, sont disponibles dans leur édition 2009, dans diverses feuilles de chou. Je n’en ai lu qu’un cette année (celui de l’Etudiant) et il est aussi atterrant que d’habitude. Un seul exemple suffit à disqualifier totalement les tableaux de chiffres et les pourcentages proposés pour l’édification du public : le lycée Henri IV, qui place d’année en année une bonne partie de sa BCPST2 dans les Ecoles Normales Supérieures, est horriblement mal classé ! Eh oui, pour l’Etudiant, les ENS ne sont pas des « écoles de référence », alors forcément, tous les admis à l’ENS et qui y vont sont comptabilisés comme ayant échoué !! Soit dit en passant, les écoles de la filière G2E ne sont pas non plus prises en compte (je suppose que les écoles de géologie et d’environnement apprécient …).

Ces tableaux comparatifs reposent sur une seule donnée : les admissibles et les admis. Ils oublient donc complètement que ce n’est pas parce qu’un admissible n’est pas admis qu’il a échoué ! il peut avoir choisi une autre école dans laquelle il est admis. Incroyable, non ?

Alors, pour clarifier les choses, voilà les vrais résultats du lycée Fénelon en filière BCPST pour l’année 2008. La classe comportait 40 élèves, dont une ne s’est pas présentée aux concours, voulant se réorienter. Il y a donc 39 élèves à prendre en compte. Sur ces 39 élèves, une n’a présenté que les écoles de la filière G2E.

Filière vétérinaire : 10 élèves se sont présentés. Parmi eux, 7 ont eu un rang inférieur à celui du dernier admis (459 à l’ENV Toulouse), soit 70% de réussite. Evidemment, si on ne compte que ceux qui sont effectivement allé dans une ENV, soit 5 élèves, le taux calculé est de 50% , mais c’est totalement débile :  les deux autres élèves ont préféré aller à l’école d’agronomie de Montpellier, qui est aussi une excellente école !

Filière agronomie : 38 présentés, 36 admissibles. Les écoles sont innombrables, alors on ne va pas toute les passer en revue.
– Pour ce qui est de la plus sélective, l’INA-PG (maintenant AgroParisTech), 12 élèves ont eu un rang inférieur à celui du dernier admis (658), donc le taux de succès est de 30%.
– Pour une école moins sélective, comme l’ENSAR (maintenant Agrocampus Rennes), 21 élèves ont eu un rang inférieur à celui du dernier admis (1030), soit 50% de réussite.
– Enfin, pour la moins cotée de toutes, l’ENSBANA, le rang du dernier admis est 1835, et tous les admissibles au concours agro ont un rang leur permettant de rentrer dans cette école.
Autrement dit, une seule élève a échoué aux écrits, et parmi les admissibles, 100% ont réussi les oraux. Mais il se trouve que tous nos élèves ayant la possibilité d’intégrer une école d’agronomie ne choississent pas forcément d’y aller, contrairement à ce que les vedettes des classements semblent croire. Certains et certaines ont choisi de redoubler pour avoir mieux.

Filière PC (écoles de chimie). 14 élèves se sont présentés, et tous sont admissibles. Il y a eu une seule intégration dans une école de chimie, mais le taux de réussite est en fait bien meilleur :
– à l’ESPCI, 8 élèves ont eu un rang inférieur à celui du dernier admis (169), soit presque 60% de réussite,
– à l’ENSCP (chimie Paris), 11 élèves sont mieux classé que le dernier admis (228), soit près de 80% de réussite,
– sur toutes les écoles de chimie, tous les élèves présentés ont la possibilité d’intégrer une école, soit 100% de réussite.

Dernière remarque : j’utilise des pourcentages, parce que c’est comme ça que les classements sont présentés, mais n’importe qui ayant fait un minimum de statistiques sait que pour un effectif aussi faible que 14 élèves ou 10 élèves, cela n’a pas grand sens. C’est ce qui fait qu’un lycée peut subitement passer de la 50è place à la première place, et inversement. Par exemple, le lycée Hamon-Jardin de Binette-sur-Pelle, a présenté 2 élèves aux ENV en 2006, et les deux ont échoué, alors il a 0% de réussite. Mais en 2007, il n’a présenté qu’un seul candidat qui a intégré, ce qui fait bondir le taux de réussite à 100%. Enfin, en 2008, l’unique candidat échoue, et le lycée retombe à 0%. Pendant ce temps, en 2007, tel lycée parisien place 12 élèves aux ENV sur 20 présentés, et végète à un ridicule 60% de réussite … Ces pourcentages font-ils sens ?

Ce que 2009 vous réserve

Clairement, pour mes cher-e-s petit-e-s bcpst 1, toujours plus de physique passionnante et toujours plus de chimie excitante (intellectuellement s’entend).

Evidemment, pour mes cher-e-s petit-e-s ex-bcpst1, qu’ils soient encore au lycée Fénelon ou non, beaucoup de réussite aux concours et aux examens.

Je vous souhaite donc une excellente année pleine de succès.