Les désormais classiques, et toujours aussi pathétiques, classements des classes préparatoires, sont disponibles dans leur édition 2009, dans diverses feuilles de chou. Je n’en ai lu qu’un cette année (celui de l’Etudiant) et il est aussi atterrant que d’habitude. Un seul exemple suffit à disqualifier totalement les tableaux de chiffres et les pourcentages proposés pour l’édification du public : le lycée Henri IV, qui place d’année en année une bonne partie de sa BCPST2 dans les Ecoles Normales Supérieures, est horriblement mal classé ! Eh oui, pour l’Etudiant, les ENS ne sont pas des « écoles de référence », alors forcément, tous les admis à l’ENS et qui y vont sont comptabilisés comme ayant échoué !! Soit dit en passant, les écoles de la filière G2E ne sont pas non plus prises en compte (je suppose que les écoles de géologie et d’environnement apprécient …).
Ces tableaux comparatifs reposent sur une seule donnée : les admissibles et les admis. Ils oublient donc complètement que ce n’est pas parce qu’un admissible n’est pas admis qu’il a échoué ! il peut avoir choisi une autre école dans laquelle il est admis. Incroyable, non ?
Alors, pour clarifier les choses, voilà les vrais résultats du lycée Fénelon en filière BCPST pour l’année 2008. La classe comportait 40 élèves, dont une ne s’est pas présentée aux concours, voulant se réorienter. Il y a donc 39 élèves à prendre en compte. Sur ces 39 élèves, une n’a présenté que les écoles de la filière G2E.
Filière vétérinaire : 10 élèves se sont présentés. Parmi eux, 7 ont eu un rang inférieur à celui du dernier admis (459 à l’ENV Toulouse), soit 70% de réussite. Evidemment, si on ne compte que ceux qui sont effectivement allé dans une ENV, soit 5 élèves, le taux calculé est de 50% , mais c’est totalement débile : les deux autres élèves ont préféré aller à l’école d’agronomie de Montpellier, qui est aussi une excellente école !
Filière agronomie : 38 présentés, 36 admissibles. Les écoles sont innombrables, alors on ne va pas toute les passer en revue.
– Pour ce qui est de la plus sélective, l’INA-PG (maintenant AgroParisTech), 12 élèves ont eu un rang inférieur à celui du dernier admis (658), donc le taux de succès est de 30%.
– Pour une école moins sélective, comme l’ENSAR (maintenant Agrocampus Rennes), 21 élèves ont eu un rang inférieur à celui du dernier admis (1030), soit 50% de réussite.
– Enfin, pour la moins cotée de toutes, l’ENSBANA, le rang du dernier admis est 1835, et tous les admissibles au concours agro ont un rang leur permettant de rentrer dans cette école.
Autrement dit, une seule élève a échoué aux écrits, et parmi les admissibles, 100% ont réussi les oraux. Mais il se trouve que tous nos élèves ayant la possibilité d’intégrer une école d’agronomie ne choississent pas forcément d’y aller, contrairement à ce que les vedettes des classements semblent croire. Certains et certaines ont choisi de redoubler pour avoir mieux.
Filière PC (écoles de chimie). 14 élèves se sont présentés, et tous sont admissibles. Il y a eu une seule intégration dans une école de chimie, mais le taux de réussite est en fait bien meilleur :
– à l’ESPCI, 8 élèves ont eu un rang inférieur à celui du dernier admis (169), soit presque 60% de réussite,
– à l’ENSCP (chimie Paris), 11 élèves sont mieux classé que le dernier admis (228), soit près de 80% de réussite,
– sur toutes les écoles de chimie, tous les élèves présentés ont la possibilité d’intégrer une école, soit 100% de réussite.
Dernière remarque : j’utilise des pourcentages, parce que c’est comme ça que les classements sont présentés, mais n’importe qui ayant fait un minimum de statistiques sait que pour un effectif aussi faible que 14 élèves ou 10 élèves, cela n’a pas grand sens. C’est ce qui fait qu’un lycée peut subitement passer de la 50è place à la première place, et inversement. Par exemple, le lycée Hamon-Jardin de Binette-sur-Pelle, a présenté 2 élèves aux ENV en 2006, et les deux ont échoué, alors il a 0% de réussite. Mais en 2007, il n’a présenté qu’un seul candidat qui a intégré, ce qui fait bondir le taux de réussite à 100%. Enfin, en 2008, l’unique candidat échoue, et le lycée retombe à 0%. Pendant ce temps, en 2007, tel lycée parisien place 12 élèves aux ENV sur 20 présentés, et végète à un ridicule 60% de réussite … Ces pourcentages font-ils sens ?