Scoop ! Le réchauffement climatique est une vaste blague …

… c’est du moins ce qu’affirme le président tchèque et président en exercice de l’Union Européenne pour les 6 mois à venir, Vaclav Klaus, selon cet article du Monde.

Ce Monsieur se situe donc dans la catégorie, vaste en nombre et surtout très influente, de ceux qui parlent de ce qu’ils ignorent (de préférence sur un ton très assuré) et pour tout dire de ce qu’ils sont incapables de comprendre. Appartiennent à cette catégorie en France des poids lourds en terme d’influence comme Claude Allègre (mondialement connu pour ses travaux en physique du globe) ou Maurice Allais (seul Français à ce jour à avoir obtenu le « prix Nobel d’économie »). Evidemment, tous ces gens ne sont pas des nouilles. Ce sont même des gros calibres dans leur domaine. Seul problème : leur domaine n’est pas le climat, mais l’économie ou la politique ou les deux. Et quand je dis qu’ils sont incapables de comprendre, je ne veux pas dire qu’ils n’en ont pas les capacités intellectuelles, mais simplement que pour parler de façon pertinente du climat, il faut s’être intéressé de façon approfondie à la question, ce qui, comme pour tout autre domaine scientifique, nécessite des années de travail.

Je ne suis pas un écologiste (du moins je ne fais pas partie de la mouvance politique qui se réclame de l’écologie). Je suis un partisan du nucléaire civil. Je n’ai pas la moindre intention d’aller vivre dans une ferme sans électricité avec mes lapins. Mais je fais l’effort de m’informer avant de parler.

Pour tous ceux qui veulent en savoir plus sur le climat, je recommande vivement le livre de Jean-Marc Jancovici, L’avenir climatique, dans la collection Point sciences. Il date de 2002, et fait donc le point sur les connaissances d’alors sur le sujet. Monsieur Jancovici a un site internet d’une qualité exceptionnelle accessible à tout instant à partir de ce blog : son nom est Manicore.

Petit rappel à ceux qui n’ont pas le temps ou l’envie de lire sur le sujet. Un organisme, appelé Groupe Intergouvernemental sur l’Evolution du Climat, a été créé en 1988. Ce groupe commande à des scientifiques reconnus dans leur domaine (chimie, physique, océanographie, climatologie, glaciologie, bidulogie et machinologie) des travaux et expertises, dont les résultats sont soumis à une critique de la part des autres scientifiques du domaine (comme pour une publication scientifique classique dans un journal sérieux). Le GIEC rend ensuite un rapport tous les 5 ans environ, qui est approuvé par l’assemblée du GIEC. Il faut insister : ces experts sont indépendants, et le GIEC a son propre budget. Un scientifique qui raconterait des âneries pour satisfaire tel ou tel groupe de pression serait décrédibilisé au niveau mondial dans son domaine. Ce rapport scientifique est donc constitué de centaines de pages de comptes-rendus de recherche de haut niveau, et c’est incompréhensible pour le commun des mortels. Par ailleurs, le GIEC établit un rapport à destination des « décideurs » (gouvernements, entreprises, etc), plus court et donnant en langage « courant » les principales conclusions du rapport scientifique.

Le travail du GIEC est donc un travail scientifique de haut niveau, et en balayer les conclusions d’un revers de main relève au choix de l’obscurantisme (c’est du même niveau que penser que le Soleil tourne autour de la Terre, qui a d’ailleurs été créée il y a 5397 ans exactement, en vertu de ce que raconte un best-seller que je ne citerai pas), ou de la désinformation (mot signifiant très exactement : mensonge proféré en toute connaissance de cause).
Quelles sont les conclusions du GIEC ? C’est simple : le réchauffement climatique dû aux activités humaines est une réalité. Les paroles de Vaclav Klaus sont donc un mensonge patenté. S’il ne « voit pas les données statistiques sur le réchauffement climatique », c’est juste qu’il s’est abstenu de regarder là où elles sont clairement mises en évidence.

Que dit d’autre le GIEC ? Rien, et en particulier, le GIEC ne dit pas que le monde va disparaitre dans 50 ans !! Et c’est ce qui rend si grave l’aveuglement de chefs de gouvernement comme Monsieur Klaus. Ils refusent de voir les réalités les plus élémentaires. Comment alors commencer à discuter des risques encourus et des mesures à prendre ?

Les gouvernements se sont entendus lors d’une conférence internationale sur le climat, pour viser à stabiliser le taux de gaz à effet de serre à deux fois son niveau pré-industriel. Des paroles comme celles de celui qui dirige aujourd’hui l’Europe sont donc extrêmement inquiétantes, de même que les mesures prises aujourd’hui pour combattre la crise (plan en faveur de l’automobile entre autre).
C’est assez atterrant de constater que les difficultés économiques actuelles, qui pourraient être l’occasion de réfléchir à des modes de développement différents, ne sont au contraire que l’occasion pour des gouvernants de montrer leur incapacité à envisager l’avenir et à imaginer des solutions nouvelles.

One reply

  1. Arthur MICHAUT dit :

    Vous pouvez podcaster l’émission d’hier « CO2 mon amour » (France Inter), où Jean-Marc Jancovici intervient pour son nouveau livre « c’est maintenant : 3 ans pour sauver le monde ».

    Il est excessivement intéressant et explique les choses clairement.

    en plus, il est précédé d’un sujet sur les champignons vivant en symbiose avec les végétaux, qui est également très intéressant.

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