Monthly Archives: novembre 2009

OGM et pesticides

Selon des estimations faites par un expert indépendant des entreprises commercialisant les OGM, et sans grande surprise quand on a fait un peu de théorie de l’évolution, l’utilisation des OGM entraine à long terme une augmentation de la consommation de pesticides, les nuisibles (mauvaises herbes ou insectes) devenant résistants. Evidemment, ces estimations sont contestées par les industries concernées.

Source : cet article du Monde.

Ig-nobel 2009

En faisant un peu de ménage sur ce blog, je m’aperçois que, contrairement aux années précédentes, j’ai oublié d’attirer votre attention sur la remise des prix Ig-Nobel (ce qui se lit « ignobel », soit ignoble en Anglais). Ils sont pourtant tout à fait passionnants. En gros, il s’agit de récompenser les travaux les plus improbables et/ou les plus loufoques publiés dans l’année écoulée dans tous les domaines de la science (sciences humaines comprises).

En ces temps de crises, on apprécie la pertinence du prix Ig-Nobel d’économie aux directeurs des banques islandaises pour « avoir démontré qu’on peut rapidement transformer une minuscule banque en une énorme et vice-versa ».

Le prix de médecine récompense un travail de longue haleine (60 ans), destiné à déterminer si se faire craquer les articulations augmente les risques d’arthrose (l’expérimentateur ne se faisait craquer les doigts que d’une seule main).

Le prix de médecine vétérinaire vous concerne au premier chef. Il récompense des travaux palpitants qui montrent que les vaches qui ont un nom donnent plus de lait que celles qui n’en ont pas. C’est qu’elles sont sensibles, ces sympathiques bestioles ! Question subsidiaire : pourquoi elles s’appellent toujours Rose, Louise ou Marguerite ?

Une majorité de la classe sera intéressée (peut-être pas tout à fait immédiatement quand même) de savoir qu’on a maintenant résolu le difficile problème de mécanique suivant : pourquoi les femmes enceintes ne basculent-elles pas en avant ? Ca valait bien un prix !

Enfin, le prix Ig-Nobel est toujours à la pointe de l’actualité, puisque dans la catégorie santé publique, le prix est remis aux inventeurs d’un soutien-gorge anti-grippe. En effet, en cas d’urgence, chaque bonnet peut se convertir en masque. Nan, nan, n’attendez pas de moi des remarques déplacées. J’arrête là. Et si vous ne me croyez pas, regardez vous-même le jury en train d’expérimenter la chose.

 

Correction du devoir en temps limité de chimie n°2

Le devoir de chimie était extrêmement classique, et commençait par environ 10 questions de cours. Sans surprise, il a donc récompensé le travail, la précision et la rigueur. La moyenne est de 10,7/20, et la meilleure note est 19. Il y 24 copies au-dessus de la moyenne et 7 copies entre 9 et 10.

Les deux premières parties ont été plutôt bien réussies, et je suis enchanté de voir que le cours est su, les méthodes acquises et les calculs bien menés dans la plupart des copies. La troisième partie, comportait une première partie facile (du cours déguisé en fait) ; les seules vraies difficultés apparaissait lorsqu’on faisait intervenir la troisième réaction (une seule copie a vaguement abordé ce point).

Une remarque au passage. Je suis un peu étonné, alors même que je ne cesse d’entendre râler en TP dès qu’il y a une courbe à tracer, que certaines se soient senties obligées de faire des graphiques, alors qu’il était explicitement dit qu’ils étaient inutiles ! Soit ces personnes ne lisent pas l’énoncé (ce qui est grave), soit elles font sciemment des choses non demandées (ce qui est une perte de temps).

Lorsqu’une question porte uniquement sur une valeur numérique, les points ne sont attribués que si non seulement la valeur elle-même, mais aussi l’unité associée, sont exactes. J’ai été tolérant pour la question 3, et j’ai compté la moitié des points à ceux qui ont mis k en s^(-1) au lieu de h^(-1). Cela dit, c’est de la bonté de ma part, car si vous dites à votre collègue que la réaction va se faire en quelques secondes, au lieu de quelques heures, il va un peu s’inquiéter de ne voir rien venir… En revanche, j’ai été sans pitié pour l’énergie d’activation en J (au lieu de J/mol), et je n’ai souvent même pas essayé de déterminer si certaines unités proposées étaient homogènes à des J/mol. La meilleure du lot : l’énergie d’activation en L.J/mol^2/s/K. On rêve !

Les régressions linéaires doivent impérativement faire apparaitre le coefficient de corrélation. Et de préférence, le vrai. Lorsqu’on m’affirme qu’on a fait une régression linéaire avec un coefficient de corrélation de 0,9999, alors que ni la pente obtenue ni l’ordonnée à l’origine obtenue ne sont exactes, j’ai, disons, un gros doute.

Dans un autre registre, lorsqu’on tombe sur un signe qui ne va pas, on évite de le barrer d’une ligne à l’autre, en pensant que je n’y verrai que du feu. Je ne peux pas jurer que je ne me fais pas avoir de temps en temps, mais honnêtement, je pense que je vois la majorité des bidouilles de signe. Il est plus efficace de chercher son erreur, généralement désespérément navrante.

Je ne vais pas m’étendre sur les horreurs que j’ai vues dans les intégrations, mais quand même, je rappelle que quand on fait une intégrale entre 2 bornes, le résultat est la primitive à la première borne MOINS la primitive à la deuxième borne, et que donc quand on intègre une exponentielle entre 0 et machin, à la fin on trouve un truc du genre exp(machin)-exp(0). Et je rappelle à certaines et certains que exp(0)=1 et non pas 0 !! Sinon, quand on calcule les concentrations de P et Q, on les trouve négatives, ce qui fait quand même désordre.

Enfin je termine en rappelant à celles et ceux qui seraient déçu-e-s ou découragé-e-s par leurs notes, qu’il ne faut surtout pas se décourager, et que nous sommes à votre disposition pour vous aider, en particulier si vous avez l’impression que votre travail n’est pas efficace. Et si vous êtes en détresse, c’est le plus vite possible qu’il faut réagir et nous solliciter.

Correction du devoir en temps limité de physique n°2

Le devoir sur la statique des fluides est diversement réussi. La moyenne est de 10,2/20. La meilleure note est 18, on compte 25 copies au-dessus de 10 et 3 copies entre 9 et 10.

La correction complète avec des commentaires relatifs aux différentes questions est en ligne sur le site des exercices de physique. Je fais ici quelques commentaires d’ordre général.

1) Concernant la rédaction.
Il faut veillez à respecter les notations du texte. Outre que ça simplifie le travail du correcteur, qui ne peut qu’en être mieux disposé à votre égard, les notations sont usuellement choisies pour simplifier la vie. C’est quand même curieux d’appeler z0 l’altitude de l’interface eau-air, alors même que l’énoncé la posait égale à 0. C’est vraiment du masochisme !
D’autre part, lorsqu’une question est posée, il faut y répondre, et pas répondre à une autre question. Dans la même veine, quand on demande la masse volumique en fonction de z, on n’attend pas une formule donnant la masse volumique en fonction de la pression P, même si on sait que la pression dépend de z.
Enfin, il faut justifier vos raisonnement. Dire que V augmente lorsque P diminue, cela nécessite d’invoquer la loi des gaz parfaits. Si en plus on explique pourquoi le nombre de moles est constant (le plongeur a bloqué sa respiration) et que la température est constante (parce que le plongeur est un animal à sang chaud), ça frise l’extase pour le correcteur.

2) Je suis assez surpris que la profondeur ne soit pas une notion intuitive. Il me semble que la profondeur est plutôt définie positivement quand on descend. Je ne crois pas qu’on dise qu’une piscine ait une profondeur de -4 m, mais plutôt bien une profondeur de 4m. Je n’ai pas compté faux, surtout lorsqu’on prenait soin de définir la prfondeur comme une grandeur négative. Cela dit, on ne voit pas très bien l’intérêt de parler de profondeur, si c’est en définitive pour que ce soit la même chose que l’altitude !

2) La poussée d’Archimède pose de gros problèmes à certain-e-s. Pauvre Archimède ! il doit se retourner dans son bain… heureusement qu’il est déjà mort ! La poussée d’Archimède est par définition la résultante des forces pressantes exercées par un fluide sur un système entièrement immergé. Invoquer la poussée d’Archimède d’une part, et les forces pressantes d’autre part, c’est compter deux fois la même chose.
Par ailleurs, la poussée d’Archimède est l’opposée du poids du fluide déplacé. Combien ont écrit que c’était le poids, avant de bidouiller les signes pour s’en sortir !
Négliger la poussée d’Archimède (sous prétexte qu’on est dans l’air) est évidemment impossible, étant donné que c’est la seule force vers le haut, et qu’on veut expliquer que la mongolfière monte !
Je précise d’ailleurs que je n’ai pas attribué les points à ceux qui donnaient, sans invoquer Archimède, l’expression de la force pressante sur la mongolfière. Dans la mesure où la formule de la force totale était donnée, je soupçonne quelques petit-e-s malin-e-s d’en avoir déduit ce qu’il fallait trouver. De toutes façons, une équation sans justification n’a pas de valeur.

3) Concernant le décollage de la mongofière, presque personne n’a été capable de faire un raisonnement qui tienne la route. La force totale est la somme du poids (vers le bas) et de la poussée d’Archimède (vers le haut). Il y a décollage si la poussée d’Archimède l’emporte sur le poids, ce qui s’écrit : norme de la poussée d’Archimède > norme du poids. On peut dire de façon équivalente que la force totale est de la forme vecteur(F) = A vecteur(uz) avec uz vers le haut, et que ça décolle si A > 0 (soit si la force totale est vers le haut).
Calculer la norme de la force totale est dire que ça monte parce qu’elle est positive, c’est idiot ! comment une norme pourrait-elle être négative ?

4)  Concernant le fait que la mongolfière atteint une altitude maximale, certains ont dit que le terme contenant les températures (qui est en fait la somme de la poussée d’Archimède et du poids de l’air dans l’enveloppe) tend vers 0 quand on monte parce que ce terme est proportionnel à la pression atmosphérique. Certes ! mais en conclure que la force totale tend vers le poids de la nacelle quand on monte, c’est absurde. Cela signifie que la mongolfière monterait jusqu’à ce qu’il n’y ait plus que le poids de la nacelle qui intervienne. On a du mal à comprendre pourquoi la mongolfière ne partirait pas en chute libre (alors qu’elle est censée se stabiliser) !
Le problème est que vous manipulez les formules comme s’il s’agissait d’exercices de mathématiques complètement abstraits. Les différents termes de la formule ont une réalité physique, et ne peuvent pas nécessairement prendre n’importe quelle valeur !

5) Quelques perles physiques.
Trouver que la mongolfière décolle dès que la température de l’enveloppe est supérieure à 250 K (l’air extérieur était à 280 K). Autrement dit, il n’ya pas besoin de chauffer pour faire décoller une mongolfière. Et dire qu’Archimède n’y avait pas pensé !
Encore mieux : trouver que ça décolle dès que la température intérieure est supérieure à -300 K ! Je rappelle que les températures négatives en K, ça n’existe pas.

6) Quelques perles mathématiques.
Vu plusieurs fois (mais ça ne m’a pas surpris, vos prédécesseurs m’ont blindé) : a/xb/y > c équivaut à : x/ay/b < 1/c. Ce n’est autre qu’une version un peu élaborée de 1/a+1/b=1/(a+b) …
En revanche, je dois dire que j’ai été totalement pris par surprise dans la manipulation des vecteurs. Que veut dire un vecteur supérieur à un autre ???? Et corrolairement que veut dire un vecteur positif, ou négatif ? Je sais comparer les normes de deux vecteurs. Je sais dire si un vecteur est dans le même sens ou dans le sens opposé à un autre (par exemple un vecteur de base qui lui serait colinéaire), mais comparer des vecteurs, je sais pas faire. Et puis, il y a les divisions par des vecteurs aussi. On a déjà noyé Archimède, mais on risque aussi de pousser Bourbaki à commettre l’irréparable …