Malgré les gesticulations des autorités, il faut bien se rendre à l’évidence, c’est l’impuissance quasi totale face à la pollution maritime qui menace actuellement la côte sud des Etats-Unis. La catastrophe qui menace est à la fois économique (le secteur de la pêche en Louisiane et du tourisme dans l’Alabama ou le Mississipi sont menacés) et écologique (le delta du Mississipi est une zone de mangrove et de cordons dunaires très riche en oiseaux, poissons, crustacés, etc, et quasi impossible à nettoyer).
Un expert de l’Institut Français du Pétrole (IFP) explique dans cet article du Monde pourquoi l’idée – apparemment sensée – de se débarrasser de la nappe de pétrole par combustion est mauvaise.
Cela dit, on mesure le chemin parcouru depuis les années 80. Lors de l’échouage de l’Amoco Cadiz sur la côté nord de la Bretagne en 1978, la société Standard Oil n’avait pas levé le petit doigt pour nettoyer (au moment du naufrage, sa préoccupation principale était de savoir si sa compagnie d’assurance acceptait l’intervention du remorqueur le plus proche du pétrolier…), se fichait quasiment ouvertement de la pollution engendrée (220 000 tonnes de pétrole déversées, soit 5 fois plus que ce qui s’est déjà échappé de la plate forme Deepwater Horizon) et contestait le préjudice écologique et économique. La justice américaine avait trainé des pieds pour accorder une indemnisation, d’ailleurs décevante, aux collectivités territoriales touchées par la marée noire.
Aujourd’hui, il semble que les compagnies pétrolières se sentent un peu plus mal à l’aise face aux pollutions qu’elles engendrent, et on ne peut que s’en réjouir. Cela dit, il ne faut pas négliger, dans la réaction de BP, le fait que la pollution menace directement les Etats-Unis … c’est bizarre, la pollution chez soi est toujours beaucoup plus préoccupante que celle qui a lieu chez les autres. Qui a entendu parler des marées noires dans le Golfe Persique ?