Je vous recommande ce récit documentaire, pas rigolo du tout (mais court) de Takiji Kobayashi, un journaliste et écrivain japonais d’entre les deux guerres : Le bateau-usine aux éditions Allia.
On peut ne pas forcément apprécier l’engagement de Kobayashi, un des derniers membre du parti communiste japonais, avant que celui-ci soit interdit dans les années 1930 et ses membres ne soient au choix : repentis et redevenus fidèle à l’empereur ou assassinés par le pouvoir (c’est cette dernière option pour ce qui concerne Kobayashi). Cet engagement transparait évidemment quelque peu dans le livre, mais pas plus que ça.
L’histoire raconte un épisode peu connu de l’histoire japonaise, et qui fait suite à la victoire du Japon sur la Russie en 1905. Le Japon a alors étendu son influence sur les îles au nord de l’archipel (qui seront reprises par l’Union Soviétique en 1945). Entre les deux guerres, il s’est déroulé une véritable guerre économique entre le Japon et l’URSS, le Japon ayant reconverti les navires de guerre pris aux russes en 1905 en bateau de pêche industrielle, chargés de piller les ressources marines (crabe en particulier) dans les eaux territoriales soviétiques. Les travailleurs de ces navires-usines étaient recrutés selon des contrats douteux et peu reluisants, et leurs conditions de travail plus qu’inadmissibles.
Ce n’est pas long, mais bien suffisant pour être convaincu qu’on vit quand même mieux aujourd’hui et ici.