Le prix Nobel de physique récompense des travaux qui ont de nombreuses applications : les fibres optiques d’une part, et les caméras dites « CCD » d’autre part (qui mettent en jeu l’effet photoélectrique, compris par Einstein au début du siècle, je parle évidemment du 20è).
Le prix Nobel de chimie récompense des travaux sur la transcription de l’ADN en protéines. Même pour le profane comme moi, cela a l’air tout à fait palpitant.
Je vais maintenant y aller de mon petit commentaire mesquin. Je déplore quelque peu que le jury Nobel de chimie attribue de plus en plus son prix à des travaux utilisant certes de la chimie, mais relevant franchement de la biologie (2003, 2004, 2006, 2008, 2009). Comme il le fait également pour le prix Nobel de médecine, on a finalement 2 prix Nobel de biologie.
Jaloux, me direz-vous ? Je répondrai d’une part que je ne vise pas le prix Nobel, et que d’autre part je pense que cela entretient une confusion des genres. On peut se chagriner qu’Alfred Nobel n’ait pas prévu de prix pour la biologie. J’admire les travaux transversaux mettant en jeu diverses disciplines (il est évident que biologie, médecine, chimie, physique et mathématiques sont en étroites interrelations), mais résumer la chimie à l’élucidation de structures de protéines, c’est un peu restrictif. Cela tend à faire croire que la chimie n’a plus d’autre champ de recherche que la biochimie, et c’est totalement faux ! Sans compter que cela alimente vaguement l’opinion de plus en plus générale que la chimie, c’est nocif, mauvais, polluant, et en définitive la cause de tous nos problèmes, sauf lorsqu’elle sert à la digne biologie.
Cela dit, je ne prétends pas en savoir plus que le jury Nobel, et encore moint être en mesure de remettre en cause leur choix.
Il est exact que cette propension à octroyer le prix de Chimie à des travaux de Biologie est un peu déconcertante.
De mon modeste point de vue, ça flatte mon goût très prononcé pour la transversalité, et je ne manque jamais de souligner cette « manie » du jury Nobel, lorsque je parle d’interdisciplinarité. On pourrait aussi ajouter que c’est une démonstration de la puissance de la chimie qui devient capable d’aborder et de résoudre les problèmes colossaux et « supra-moléculaires » de la biologie.
Mais force est de reconnaître que ce n’est qu’une toute petite facette de la chimie, que c’est fort dommage pour l’image de la chimie et que le prix de physiologie médecine est sans doute suffisant. D’autant que ces prix « mixtes » récompensent bien souvent des élucidations de structures 3D ; ces élucidations sont remarquables et passionnantes, mais surtout au regard des fonctions biologiques étudiées et assez peu en raison de l’aspect « chimique » du travail.
Enfin, de même, moi non plus je ne peux guère me permettre de critiquer sérieusement ces choix.