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Le roman du mois d’avril

Presque déjà le mois de mai, et je n’ai pas encore parlé du roman du mois d’avril… Les fans s’impatientent…

Ce mois-ci donc, sera sous le signe de la science fiction. De Joe Haldeman, je vous recommande La Guerre éternelle, édité chez Flammarion et disponible en collection j’ai lu. Ce n’est pas long, ça se lit bien, c’est assez palpitant. En gros, c’est l’histoire de la rencontre entre les Humains et une civilisation extraterrestre, avec laquelle la communication s’avère impossible . Les va-t-en-guerre en profitent … et cela dure plus de mille ans. Je ne suis pas un très grand fan de science fiction ; je trouve que ça tourne toujours un peu en histoire de super-héros qui font des trucs pas possibles avec des armes miraculeuses, et qui parcourent la galaxie en 3 minutes à l’aide de diverses et improbables astuces relativistes. Dans ce roman, il y a évidemment du panpan-boumboum (c’est quand même l’histoire d’une guerre), mais ça reste à des niveaux crédibles. En outre, même s’il est possible de se déplacer très rapidement (quasiment à la vitesse de la lumière), un point très important n’est pas occulté : le décalage temporel qui existent entre ceux qui voyagent et ceux qui ne voyagent pas (ce qui est connu en relativité sous le nom de paradoxe des jumeaux). L’auteur imagine donc que les états-majors mènent une guerre dans l’espace tout autant que dans le temps : on envoie des troupes au diable vauvert, où elles arriveront dans 300 ans. L’auteur manie ces décalages temporels avec beaucoup d’astuce.

Ce livre a été adapté par l’auteur lui-même en bande dessinée, avec des dessins de Marvano. La version BD est tout aussi réussie que le livre ; elle est éditée dans la collection Aire Libre chez Dupuis (dans mon souvenir, il y a 3 tomes).

Le roman du mois de mars.

Un roman pas gai, ce mois-ci, et qui fait même un peu froid dans le dos.
Le lieu de l’action : Berlin.
La date : 1940, sous le nazisme.
L’histoire : un couple de personnes déjà âgées, venant de perdre leur fils unique sur le champ de bataille, disséminent à travers Berlin des lettres anonymes appelant à la résistance contre le régime. Je ne crois pas rompre le suspense en dévoilant que leur entreprise sera totalement vaine.

Il s’agit de Seul dans Berlin de Hans Fallada, disponible en collection folio.

L’essai du mois de mars.

Comme vous êtes fatigués après le devoir de physique, je vous propose un essai pas foulant, puisqu’il s’agit d’un livre de photographies. C’est un peu à la manière de Arthus-Bertrand, mais pas sur le même mode.

Je n’aime pas Arthus-Bertrand. Je trouve ses photographies belles, mais gratuites. Montrer de belles choses vues du ciel avec pour objectif de les préserver, c’est bien, mais c’est un peu léger.

Alex MacLean, dont je découvre en en parlant qu’il possède un site, que je m’en vais de ce pas mettre dans ma blogroll, fait de la photographie aérienne, mais à la base, c’est un urbaniste. Sa formation déteint sur sa pratique photographique, et cela rend d’autant plus passionnantes ses photos. En quelques clichés, l’absurdité du développement urbain des Etats-Unis est patent : constructions sur le littoral à la merci des tempêtes, destructions des dunes, gaspillage incroyable de l’eau, nécessité d’utiliser sa voiture puisque rien n’est prévu pour les piétons, étalement urbain, etc. Et en même temps, quelques clichés montrent tout autant que bien des solutions existent.

Son dernier livre, intitulé Over, et sous-titré Visions aériennes de l’American Way of Life, une absurdité écologique est édité en Français aux éditions La Découverte. Je rappelle au passage que George Bush (père) avait refusé de signer le protocole de Kyoto au motif que « le mode de vie américain n'[était] pas négociable ».

L’essai du mois de février

Me voilà obligé de trouver aussi un essai à lire pour le mois de février. Allez hop ! de Christian Morel, Les décisions absurdes, aux éditions Gallimard et même en collection folio.

Christian Morel travaille dans une grande entreprise privée, et a consacré ce livre à présenter et analyser « les erreurs radicales et persistantes », autrement dit comment se décident des décisions manifestement absurdes (manifestement a posteriori, bien sûr), et comment ceux qui les prennent persistent dans leur erreur. Le cas du lancement de la navette Challenger en est un, tout comme le cas des pas si rares collisions en pleine mer entre deux navires dont les routes ne se croisaient pas, ou l’utilisation des transparents illisibles au cours des séminaires.

La première partie du livre est tout à fait fascinante. La présentation des décisions absurdes est très drôle, mais en même temps, on n’est pas vraiment sûr qu’on aurait fait mieux …

Le seconde partie est un peu longuette. L’auteur décortique les erreurs radicales pour essayer de les regrouper en diverses catégories. On peut s’abstenir de la lire, mais rien ne l’interdit évidemment.

Le roman du mois de février

Comme j’avais un peu de retard, l’article précédent concernait le mois de janvier. Pour le mois de février, je vous propose une lecture pas foulante, un tire-larme, une bluette, mais pittoresque à souhait, j’ai nommé Pêcheurs d’Islande de Pierre Loti, disponible en folio.

De l’amour, de la couleur locale, du Breton pour de rire, Paimpol et sa falaise, etc etc. Autre avantage : c’est vite lu, et ça fait toujours bien d’en causer dans les salons.

J’en profite pour glisser ce lien pour les ceusses qui auraient la chance d’être sur les lieux en mars, au lieu d’être au lycée.

Le roman du mois

En fait, trois romans, et même quatre, pour le prix d’un. Je vous propose la trilogie de C. Nordhoff et J.N. Hall sur l’odyssée de la Bounty, édité dans l’excellente collection libretto des excellentes éditions Phébus. Un millier de pages haletantes et passionnantes, impossibles à lacher, contant de façon romancée (c’est une fiction) mais extrêment bien documentée (les auteurs ont fait des recherches approfondies dans les archives disponibles) les aventures des protagonistes de la Bounty.

Dans le premier tome, Les Révoltés de la Bounty, on suit le vaisseau La Bounty (le nom réel du navire était la Bethia) dans ses tribulations à partir de l’Angleterre jusqu’à Tahiti, sous la férule de son inflexible commandant, le capitaine Bligh, une ordure de la pire espèce, jusqu’à la mutinerie dirigée par le second du navire, le capitaine Christian.

Dans le second tome, Dix-neuf hommes contre la mer, on suit l’incroyable parcours du capitaine Bligh et des membres de  l’équipage opposés à la mutinerie, abandonnés à leur sort par les mutins : 8000 km en 42 jours, dans une chaloupe non pontée contenant 19 hommes, pratiquement sans vivre et sans eau douce ! montrant par là que l’infâme Bligh était aussi un navigateur exceptionnel.

Dans le troisième tome, Pitcairn, c’est au sort des mutins qu’on s’intéresse. Poursuivi par toutes les marines du monde (quand il s’agissait de mutinerie, tout le monde était d’accord … du moins dans les états-majors), ils n’avaient d’autre possibilité que disparaitre. Ils se sont installés sur Pitcairn, une petite île totalement perdue au milieu de nulle part dans le Pacifique sud (prenez un atlas), avec des Tahiciennes cueillies en passant. Leurs descendants ont été retrouvés par un navire américain plusieurs décennies plus tard. Des interrogations demeurent cependant, car l’épave du navire n’a pas été retrouvée, et divers indices incitent à pense que le capitaine Christian ne s’est pas arrêté à Pitcairn.

Par la même occasion, je vous signale que Robert Merle a écrit une version également romancée du sort des mutins sur Pitcairn, dans un excellent roman, l’Ile (éditions Gallimard, disponible en folio).

Lecture conseillée pour oublier un peu le travail !

L’essai du mois

En guise de lecture faussement amusante, mais vraiment instructive, je vous propose l’essai de Guy Bechtel, historien de profession, intitulé Délires racistes et savants fous (éditions Plon, disponible en format poche dans la collection Agora de Pocket).

Ce petit livre retrace les travaux de trois médecins de la fin du 19è siècle.
– Le Dr Lumbroso, italien, a décrit le « criminel » type comme un humain ayant (selon lui) le cerveau de la taille d’une orange et la machoire saillante, montrant qu’il n’est rien qu’un singe dégénéré.
– Le Dr Binet-Sanglé s’est intéressé à Jésus, pour montrer qu’il était tuberculeux, alcoolique, obsédé sexuel et autre.
– Le Dr Bérillon, lui, s’est attaché à démontrer que l’Allemand est en tout  point inférieur au Français. Entre les guerre de 70 et celle de 14, c’était quand même tentant. Il a ainsi mis en lumière que l’Allemand produit plus de matière fécale que les autres européens, ce qui, quand même, le place (je parle de Bérillon) à un niveau nettement inférieur à celui d’une cour de récréation d’école primaire.

Ce livre met en évidence comment des présupposés racistes, antisémites, xénophobes et européanocentrés, permettent à des personnes ayant une formation scientifique d’arriver à dire littéralement n’importe quoi. Bien entendu, il n’est pas difficile de montrer que les prétendus résultats de ces prétendus savants sont totalement faux : données statistiques truquées, sélection des échantillons pour parvenir à un résultat plus conforme à ce qu’on attend, etc.
Ce qui est troublant, c’est de s’apercevoir que ces médecins étaient, dans l’ensemble, des esprits plutôt modernes, et qu’ils étaient fermement convaincus de faire avancer la science. C’était la pleine période du scientisme  (croyance en la toute puissance de la science), et force est de constater, qu’en science, comme dans les autres domaines, le dogmatisme mène à l’intégrisme, et par voie de conséquence au pire.

Plus inquiétant est l’accueil qui a été fait à ces travaux. Ceux de Bérillon ont eu du succès en France, à une époque où l’ennemi était le « Boche ». Même des esprits éclairés ont réellement cru aux calembredaines ridicules et scatologiques de Bérillon, heureusement tombé aux oubliettes. Le cas du Dr Lumbroso est plus dérangeant, car il a eu un succès considérable et a durablement influencé la pratique criminologique et judiciaire aux Etats-Unis. Détecter les criminels en regardant la forme de leur tête, c’est tellement plus facile et reposant ! A une époque où certains prétendent détecter les futurs criminels dès l’école primaire (oh mais voyons ! ça doit être dans un pays barbare des antipodes !), ça doit faire réfléchir.

Conseils de lecture.

Je transmets ici un message de Monsieur Anselme :

 » Ci-dessous mes suggestions de lecture pour élèves désœuvrés en été :

– Pour les courageux, un ouvrage fantastique et passionnant bien qu’un peu austère et… volumineux : L’origine des espèces – Charles Darwin –  ed. Garnier Flamarion.
-Pour de la lecture plus « vulgarisation » mais enthousiasmante et pleine d’intelligence, autour du thème de l’apoptose : La sculpture du vivant – Jean Claude Ameisen – Seuil.
– Toujours « vulgarisation » mais polémique et énervant, un peu pamphlet anti-« tout génétique », très stimulant : Ni dieu, ni gène – Jean-Jacques Kupiec, Pierre Sonigo – Seuil.
– Plus léger, facile à lire, à consulter quand on veut, une page par-ci, une page par-là :Mais qui mange les guêpes ? 101 questions idiotes et passionnantes – New Scientist – Seuil, et Pourquoi les manchots n’ont pas froid aux pieds ? Et 111 autres questions stupides et passionnantes – New Scientist – Seuil

Tous ces livres existent en poche (Garnier Flamarion ou Points-Seuil)

Si ça vous saoule de lire, ne vous forcez surtout pas. Aucune importance.

Bonne soirée, merci pour la bonne journée passée ensemble et à dans une dizaine de jours. »

Je me permets d’ajouter quelques titres :

– de Olivia Judson , le Manuel universel d’éducation sexuelle à l’usage de toutes les espèces (collection Points sciences), présentant de manière très humoristique les mille et une perversions observables dans le monde vivant ;
– de Stuart B. Levy, Le paradoxe des antibiotiques (éditions Belin), très éclairant sur les mauvais usages de ces molécules qui ont révolutionné la médecine ;
– de Jean-Marc Janvovici et Alain Grandjean, Le plein s’il vous plait (collection Points Sciences), concernant les problèmes énergétiques qui nous attendent.

Bonne lecture

Pas d’idée pour cet été ?

Vous pouvez toujours faire partie de pionniers. Une destination tranquille, à l’écart des grandes routes touristiques. Au programme : des paysages grandioses dans une nature inviolée.
Pour vous mettre l’eau à la bouche, voir ce portfolio paru dans le monde du 22 avril.

Imaginons un peu la suite du descriptif du voyage :

 » Rencontres impromptu avec des autochtones fiers et farouches, attaques, enlèvement, lapidation pour celles qui auront mis leur burqa de travers, et bastonnades pour ceux qui auront oublié de se laisser pousser la barbe.
Pour éviter les ennuis, ne choquez pas les habitants. Conformez-vous à la mode. En ce moment à Kaboul, la burqa et la barbe se portent longues ».

Très longues.

C’est bien dommage. Outre que les photos font un peu rêver, il fut un temps où l’Afghanistan n’était pas ce qu’il est devenu. Pour ceux qui aiment ce genre de livres, je vous renvoie à l’Usage du Monde de Nicolas Bouvier, où il raconte entre autre son périple en tacot de Genève à l’Inde via la Turquie, l’Iran et l’Afghanistan. C’était il y a longtemps.

Un livre sur l’évolution

Si vous rêvez de voyager sur le fleuve d’ADN qui coule avec le temps, je vous conseille de lire le livre de Richard Hawkins: « Qu’est-ce que l’évolution » (collection Pluriel, éditions Hachette). Outre l’humour de son auteur, le livre explique avec une grande simplicité les fondements de l’évolution darwinienne. En plus c’est court.