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L’effet tunnel

Je suis tombé tout à fait par hasard sur le site intitulé Vers le nanomonde, alimenté par l’INPG, qui doit être l’Institut National Polytechnique de Grenoble (quoique je n’ai pu trouver sur le site la moindre information à propos de ses auteurs).

Ce site est très bien fait. On y trouve une multitude de renseignements sur les phénomènes et objets à l’échelle nanoscopique, par exemple sur l’effet tunnel dont j’ai parlé à plusieurs reprise, mais aussi sur les vitres autonettoyantes, le fonctionnement des CD ou des DVD, diverses techniques microscopiques, etc. Il y a aussi des « photos » d’objets biologiques (mouche, pissenlit) l’échelle du nanomètre (le terme photo ne doit pas faire pense à une photographie optique telle qu’on peut l’obtenir avec un appareil photo).

Seuls dans l’univers ?

Je vous signale un intéressant article dans le numéro d’octobre de Pour la Science, sur la question de savoir si nous sommes seuls dans l’univers, ou du moins dans la partie de l’univers dont nous pouvons imaginer qu’elle nous sera accessible un jour. L’auteur, un peu à contre-courant de la mode, défend l’opinion que nous serions bien seul. Je n’ai évidemment pas la prétention d’avoir là-dessus un opinion plus sérieuse que les spécialistes qui s’intéressent à la question ; cependant, à la lecture de cet article, je suis plus convaincu qu’à la lecture d’articles qui professent l’opinion inverse. C’est de toutes façon un débat passionnant, mais hautement spéculatif.

Les neutrinos trop rapides : vous aussi vous pouvez relever le défi

Pendant que j’en suis à parler de sciences, je ne sais si vous avez suivi, mais des physiciens du CERN (l’un des plus grands accélérateurs de particules du monde, et par voie de conséquence l’un des seuls sites au monde où on peut tester les théories les plus folles sur les particules) ont mesuré des vitesses qui excèdent celle de la lumière, en l’occurrence celles de neutrinos émis au CERN et détectés au Gran Sasso près de Rome en Italie. Pour une info complète sur le sujet, je renvoie, comme d’habitude, au blog de Sylvestre Huet, dont le dernier billet est ici (avec des liens vers les billets précédents qui racontent toute l’histoire).

En substance, cela fait 1 an que ces mesures ont eu lieu, et cela fait 1 an que les chercheurs cherchent … l’erreur. Et ils ne la trouvent pas : ils ont fait vérifier leurs appareils par des équipes indépendantes, ils ont analysés les résultats sous toutes les coutures, et tout parait juste. Comme l’affaire commençait à s’ébruiter, ils ont décidé de la sortir en la publiant sous forme numérique, dans la base ArXiv. Leur article est incompréhensible du commun des mortels, mais vous pouvez quand même aller le lire (première tache : le trouver).

A quoi bon publier un article sur des résultats dont le premier réflexe est de penser qu’ils sont faux ? Tout simplement parce que les auteurs n’attendent qu’une chose : que quelqu’un leur explique où ils se sont trompés. D’ailleurs des réfutations ont été publiées depuis, mais pour l’instant, elles se sont révélées fausses. Vous pouvez donc, à votre tour, tenter votre chance. Si vous arrivez à trouver l’erreur, c’est sûr, vous êtes embauché au CERN.

Et si c’était vrai ? eh bien, ma foi … ça changerait quelques petites choses dans la théorie de la relativité, ou alors peut-être de grandes choses. Lesquelles ? ben, moi je ne fais que répéter ce qui se dit, parce que là, je vais vite être arrêté par mon incompétence. Une déception néanmoins : il semblerait que des neutrinos qui voyagent plus vite que la lumière, ce n’est pas suffisant pour pouvoir espérer remonter le temps. C’est Calvin et Hobbes qui vont être bien déçus.

Prix IG-Nobel

Je ne peux pas m’empêcher, comme chaque année, de vous conseiller d’aller voir sur le site de la fondation Improbable Research. Cette fondation, à but non lucratif, délivre chaque année une série de prix IG-Nobel (qui se prononce « ignoble » en Anglais, soit : « ignoble »), pour des travaux dont l’intitulé est loufoque ou dont le sujet parait loufoque. Sous des dehors absurdes, les travaux en questions sont souvent très sérieux. En fouillant un peu dans les archives du site, vous verrez qu’ont été récompensés des physiciens qui ont étudié la façon dont un spaghetti se casse quand on le plie, des physiologistes qui ont compris pourquoi le pic vert n’attrape pas la migraine en cognant comme un sourd, des médecins qui ont montré qu’une poudre de perlimpinpin chère soigne plus efficacement qu’une pas chère, sans compter les zouaves qui sont sur la photo, en train d’essayer un soutien-gorge dont chaque bonnet peut se transformer en masque protégeant du virus de la grippe aviaire.

Bref, sous ladite photo, vous trouverez la liste des travaux récompensés cette année :
– en physiologie : prix pour avoir montré que le baillement n’est pas contagieux chez une espèce de tortue,
– en chimie : prix pour la conception d’une alarme incendie à base de radis noir soufflé,
– en médecine : prix pour avoir montré que les gens avec une envie pressante de faire pipi prennent de meilleures décisions sur certains types de sujets et de moins bonnes sur d’autres types de sujets.

Comme toujours, il y a toujours un prix un peu olé-olé (celui de biologie en l’occurrence) et un prix vachard (deux en l’occurrence cette année : celui de la paix et celui de maths). Je vous laisse lire le tout, c’est en Anglais évidemment, mais c’est quand même très drôle.

A noter que les lauréats de ces prix en sont généralement flattés, et qu’ils se déplacent pour le recevoir, et mettent un point d’honneur à surenchérir dans l’humour. La remise des prix est, si j’ai bien compris, un moment de franche rigolade.

Prix Nobel

Pour ceux que ça passionne, je signale qu’on peut consulter les communiqués de presse délivrés par la fondation Nobel sur les travaux des lauréats.

Pour ce qui est de la médecine, il est ici (en Anglais, mais il est possible de choisir une version en Suédois si vous préférez). Vous avez également les biographies des lauréats. Pour Jules Hoffmann, chercheur au CNRS et à l’honneur cette année, elle sera bientôt disponible . A noter que ce prix Nobel n’est pas vraiment une surprise ; il semble que Jules Hoffmann soit loin d’être le premier venu, puisqu’il a reçu la médaille d’or du CNRS cette année. Sur le blog de Sylvestre Huet, chroniqueur scientifique au journal Liberation, vous trouverez plus de détail et un lien vers un discours de Hoffmann dans lequel il explique ses travaux.

J’en profite pour rappeler que le site de la fondation Nobel est assez riche, et qu’en fouillant un peu, on peut y trouver des renseignements intéressants … et même des jeux débiles et chronophages.

Le prix de physique a été remis aujourd’hui pour des travaux dont je me vois bien incapable de vous parler, puisqu’il s’agit d’astrophysique. En gros, les trois chercheurs récompensés ont montré que l’expansion de l’univers est de plus en plus rapide. Ici pour le communiqué, fort laconique.

Encore un livre et sur une centrale nucléaire en perdition

On n’en finit pas de parler d’une centrale nucléaire dont on a quasiment perdu le contrôle, et des retombées radioactives déjà effectives ou futures. Les deux derniers billets de Sylvestre Huet sur son blog sont très intéressants. Le premier traite de ce que représente un sievert, unité qui quantifie les doses radioactives auxquelles sont soumis les individus ; c’est très clair et cela remet en perspective les ordres de grandeur. Le second présente le plan de gestion de la centrale pour les années à venir, tel que proposé par l’opérateur Tepco.

Opérer dans une centrale nucléaire est évidemment une opération nécessitant de grandes précautions. En France, les ouvriers qui le font sont majoritairement des intérimaires qui enchainent CDD sur CDD dans les diverses centrales gérées par EDF. Une polémique est en cours sur la pertinence de confier des tâches aussi dangereuses à des personnels précaires. La Centrale est un court roman d’Elisabeth Filhol qui est pertinemment paru l’année dernière chez P.O.L., dont la narratrice est justement une de ces intérimaires. Sans être un chef d’oeuvre, c’est une excellente plongée dans ce monde très particulier.

La Zététique

Comme vous ne l’ignorez pas, les dimensions de la Grande Pyramide sont tout à fait extraordinaires ! En effet si vous divisez le demi périmètre de la base par la hauteur, vous tombez exactement sur π !! De même Stonehenge est un site tout à fait spécial : à l’équinoxe, le Soleil se lève pile entre deux pierres !!
Cela peut sembler somme toute banal. Les études concernant les proportions « idéales » des édifices ont été faites depuis l’Antiquité (ce qui n’enlève rien à l’admiration qu’on peut avoir pour les architectes de la Grande Pyramide), et ma foi que dans un cercle de pierres,  le Soleil se lève entre deux d’entre elles … Mais il en est pour trouver tout cela incroyable ! et qui concluent que ça prouve bien que les extraterrestres sont les vrais architectes de ces merveilles.

Tout ça pour en venir à la zététique. Car si certains font leur beurre en profitant de la crédulité et du désir de rêve de nos concitoyens, d’autres se sont attelés à la (lourde) tâche de démêler le vrai du faux, et surtout de démontrer que le faux est faux, ce qui est loin d’être une évidence.

La zététique est une spécialité enseignée à l’université de Nice par le professeur Henri Broch. Quoique d’un nom qui a l’air loufoque, c’est une discipline tout à fait sérieuse, puisqu’elle vise à expliquer rationnellement les phénomènes paranormaux et à démystifier les affirmations et agissements des gourous et sorciers de tout poil : astrologues, ufologue, télékinesistes (ceux qui déplacent la matière par la pensée), fakirs, et autres. Le mot zététique est un néologisme basé sur le verbe grec zetein qui signifie « chercher ».

Le laboratoire de zététique a un site, sur lequel vous trouverez la déjà longue liste des travaux du professeur Broch. Je vous engage vivement, en futurs scientifiques que vous êtes, à aller y mettre votre nez. En ces temps où les créationnistes ne cessent de monter en puissance, et où les enseignements de sciences sont purement et simplement sacrifiés sur l’autel des économies, il est urgent et salutaire de se remettre de temps en temps les idées en place.

Afin de bien mettre les choses au clair, Broch n’est pas exactement le premier venu : titulaire d’un doctorat en physique quantique, il a écrit de nombreuses publications de biophysique, portant principalement sur les conformations des molécules biologiques. C’est un scientifique de gros calibre.
Il est membre du CSI, le Comitee for Skeptical Inquiry, dont sont ou ont été également membres des biologistes comme Richard Dawkins, Stephen Jay-Gould, Carl Sagan.

Décidément, on ne sait plus de qui on tient

Ca m’avait échappé, mais il a été démontré récemment qu’une nouvelle branche de l’espèce humaine, nommé Denisovan, a été identifiée à partir des restes d’une femme vivant au fin fond de la Sibérie. Quand je dis « les » restes, il s’agit, pour tout dire, d’un reste, très exactement une phalange.

Je commence donc par m’éverveiller que des gens soient suffisamment soigneux pour, au cours de fouilles, être capables 1) de repérer une phalange au milieu d’un vaste fatras, 2) de l’en extraire et 3) de la conserver sans la souiller, au lieu de la jeter avec la terre et les cailloux comme une vulgaire rognure d’ongle.

Par ailleurs, et si j’ai bien compris (je ne me suis pas fatigué, j’ai juste lu le blog de Tomroud, et je vous invite à aller le lire vous-même), cette branche est cousine au premier degré de Neanderthal, et elles sont toutes les deux cousines au deuxième degré de la nôtre. Je pense que les termes de premier degré et de second degré feraient frémir un spécialiste, mais je veux dire par là que Denisovan et Neanderthal sont plus proche l’un de l’autre qu’ils ne le sont de nous.

Bon alors déjà qu’on venait de nous expliquer qu’en fait on était tous un peu néanderthalien, voilà qu’on explique en prime qu’on est tous un peu denisovien. On ne sait plus qui on est, ma brave dame, sans compter que ce mélange des races est bien inquiétant, on va finir par être tous des métèques ! En définitive, les seuls « vrais » et « purs » sapiens sapiens, le seul endroit où on a une chance d’en trouver, c’est en Afrique, non ? Ca risque d’en ulcérer plus d’un.

Un autre article passionnant et inquiétant

Dans le numéro de janvier 2011 de Pour la Science, vous trouverez également un article très instructif, à la page 80. Il traite du créationnisme, c’est-à-dire de la croyance que le monde a été réellement créé comme il est textuellement écrit dans la Bible. Autrement dit, il s’agit d’une vision du monde basée sur une lecture littérale, et non allégorique, d’un texte sacré.

Le créationnisme est particulièrement actif aux Etats-Unis, et s’attaque principalement à la théorie de l’Evolution darwinienne. Cependant, et comme il est expliqué dans cet article, les créationnistes ont maintenant propagé leur activité à l’astronomie. Déformant de façon très maligne (aux deux sens du terme : intelligente et diabolique) la théorie de la relativité, ils parviennent à la conclusion que la Terre est au centre de l’Univers.

Cela fait un peu froid dans le dos, d’autant que les créationnistes déploient une activité infatigable, et sont à l’origine d’innombrables sites internet, certains ouvertement créationnistes (on est vite fixé) et d’autres paraissant ne pas l’être. Une preuve supplémentaire qu’il faut être particulièrement vigilant en allant chercher des informations sur la toile.