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Ig-nobel 2009

En faisant un peu de ménage sur ce blog, je m’aperçois que, contrairement aux années précédentes, j’ai oublié d’attirer votre attention sur la remise des prix Ig-Nobel (ce qui se lit « ignobel », soit ignoble en Anglais). Ils sont pourtant tout à fait passionnants. En gros, il s’agit de récompenser les travaux les plus improbables et/ou les plus loufoques publiés dans l’année écoulée dans tous les domaines de la science (sciences humaines comprises).

En ces temps de crises, on apprécie la pertinence du prix Ig-Nobel d’économie aux directeurs des banques islandaises pour « avoir démontré qu’on peut rapidement transformer une minuscule banque en une énorme et vice-versa ».

Le prix de médecine récompense un travail de longue haleine (60 ans), destiné à déterminer si se faire craquer les articulations augmente les risques d’arthrose (l’expérimentateur ne se faisait craquer les doigts que d’une seule main).

Le prix de médecine vétérinaire vous concerne au premier chef. Il récompense des travaux palpitants qui montrent que les vaches qui ont un nom donnent plus de lait que celles qui n’en ont pas. C’est qu’elles sont sensibles, ces sympathiques bestioles ! Question subsidiaire : pourquoi elles s’appellent toujours Rose, Louise ou Marguerite ?

Une majorité de la classe sera intéressée (peut-être pas tout à fait immédiatement quand même) de savoir qu’on a maintenant résolu le difficile problème de mécanique suivant : pourquoi les femmes enceintes ne basculent-elles pas en avant ? Ca valait bien un prix !

Enfin, le prix Ig-Nobel est toujours à la pointe de l’actualité, puisque dans la catégorie santé publique, le prix est remis aux inventeurs d’un soutien-gorge anti-grippe. En effet, en cas d’urgence, chaque bonnet peut se convertir en masque. Nan, nan, n’attendez pas de moi des remarques déplacées. J’arrête là. Et si vous ne me croyez pas, regardez vous-même le jury en train d’expérimenter la chose.

 

Prix Nobel de physique et de chimie

Le prix Nobel de physique récompense des travaux qui ont de nombreuses applications : les fibres optiques d’une part, et les caméras dites « CCD » d’autre part (qui mettent en jeu l’effet photoélectrique, compris par Einstein au début du siècle, je parle évidemment du 20è).

Le prix Nobel de chimie récompense des travaux sur la transcription de l’ADN en protéines. Même pour le profane comme moi, cela a l’air tout à fait palpitant.

Je vais maintenant y aller de mon petit commentaire mesquin. Je déplore quelque peu que le jury Nobel de chimie attribue de plus en plus son prix à des travaux utilisant certes de la chimie, mais relevant franchement de la biologie (2003, 2004, 2006, 2008, 2009). Comme il le fait également pour le prix Nobel de médecine, on a finalement 2 prix Nobel de biologie.

Jaloux, me direz-vous ? Je répondrai d’une part que je ne vise pas le prix Nobel, et que d’autre part je pense que cela entretient une confusion des genres. On peut se chagriner qu’Alfred Nobel n’ait pas prévu de prix pour la biologie. J’admire les travaux transversaux mettant en jeu diverses disciplines (il est évident que biologie, médecine, chimie, physique et mathématiques sont en étroites interrelations), mais résumer la chimie à l’élucidation de structures de protéines, c’est un peu restrictif. Cela tend à faire croire que la chimie n’a plus d’autre champ de recherche que la biochimie, et c’est totalement faux ! Sans compter que cela alimente vaguement l’opinion de plus en plus générale que la chimie, c’est nocif, mauvais, polluant, et en définitive la cause de tous nos problèmes, sauf lorsqu’elle sert à la digne biologie.

Cela dit, je ne prétends pas en savoir plus que le jury Nobel, et encore moint être en mesure de remettre en cause leur choix.

Prix Nobel de médecine.

Je ne doute pas une seconde que vous compreniez immédiatement l’intérêt des travaux récompensés cette année  par le Prix Nobel de médecine : pour la découverte de « comment les chromosomes sont protégés par les télomères et l’enzyme télomérase ». ???!!?

La seule chose que je comprenne dans cette histoire, c’est que, une fois n’est pas coutume, le prix a été remis conjointement à 2 femmes et un homme. L’égalité des sexes se rapproche à (vraiment tous) petits pas.

Le parc des mammouths … et des Néandertaliens

Le réchauffement climatique a un effet secondaire amusant : il décongèle peu à peu les mammouths qui parsèment le sous-sol sibérien. Comme ceux-ci sont morts il y a peu de temps (comparativement aux dinosaures par exemple), les carcasses sont plutôt du genre viande de boucherie que du genre fossile. Comme le dit avec humour un paléontologue dans cet article du Monde, les os sont encore tellement plein de graisse qu’on pourrait faire un pot au feu. Du coup, on peut récupérer de l’ADN, et il semble à peu près établi que d’ici une cinquantaine d’années, on les aura clonés à l’aide de cellules d’éléphants vivants. Du coup, certains se prennent à rêver : faisons pareil avec le tigre à dent de Sabre, et comme ça on verra bien si c’était un tigre ou un lion, avec l’auroch machin et le cerf bidule. D’ailleurs, un type en Sibérie commence déjà à préparer un parc pour y relâcher les premiers mammouths … d’ici une cinquantaine d’années.

Au fait … et pourquoi pas avec un Néandertalien ?

Là, ça se corse. On parle beaucoup des limites du clonage sur les espèces vivantes, mais sur les espèces disparues, c’est silence radio. Or deux conceptions s’affrontent chez les paléontologues : ceux qui pensent que Néandertal est un cousin proche, donc un Humain (opinion partagée en particulier par la communauté des paléontologues français), et ceux qui pensent que Néandertal n’est pas un humain (c’est plutôt l’opinion répandue dans le monde anglo-saxon). L’enjeu est de taille, car la première option implique d’appliquer au clonage de Néandertal les mêmes limitations qu’au clonage humain, et la seconde implique au contraire qu’on peut faire des clones de Néandertal comme des clones de brebis, de rats ou de lapins (je n’allais quand même pas rater l’occasion de parler de lapin !).

Pour ou contre le parc des Néandertaliens ?

Disons-le : un zoo, c’est déjà un peu pénible à visiter, surtout les enclos des éléphants, généralement un petit carré de terre boueuse, ou celui des fauves neurasthéniques. Mais un enclos avec des Néandertaliens, ça me rappelle quand même franchement les Nègres qu’on montrait dans les Expositions universelles au 19è siècle, ou les Indiens qu’on avait ramenés d’Amérique pour les montrer à Louis XV.

Les Néandertaliens ne sont pas des Homo Sapiens Sapiens. Mais ce sont quand même des Homo Sapiens, puisqu’ils sont Homo Sapiens Neandertalensis. Sauf derniers développements qui m’auraient échappés, il semble établi qu’ils ne possèdaient pas le langage. En revanche, ils avaient des rites funéraires, et une vie en société tout à fait organisée. Dans Le Singe, l’Afrique et l’Homme (livre qui commence à dater: 1983, et publié chez Odile Jacob), Yves Coppens parlait déjà de « rituels complexes comme ceux de l’enterrement des morts avec offrandes et lits de fleurs dans des fosses spécialement creusées, aux parois ocrées », et précise qu’ils furent les « premiers artisans des premières industries du Paléolithique supérieur ».

En résumé, ce n’étaient pas des animaux. Et moi, je n’irai pas visiter le parc des Néandertaliens.

Quand la vie est-elle apparue sur Terre ?

Je suis bien en peine de vous répondre, et en plus vous devez savoir ça mieux que moi.

Cependant, je vous invite à consulter la page actualité du CNRS (accessible par un simple clic sur le menu à droite). Une équipe française vient en effet d’apporter une preuve relevant de la biologie moléculaire que la vie existait déjà il y a 3,5 milliards d’années.

Encelade, satellite de Saturne

Je vous invite à aller regarder la magnifique série de photographies prises par la sonde Cassini, actuellement du côté de Saturne. Elle a envoyé des clichés extraordinaires d’Encelade et de Titan, deux satellites de Saturne, ainsi que des anneaux.

C’est sur le site du Boston Globe, qui est également accessible à tout moment par un simple clic sur le menu à droite.

Ig Nobel

La fondation improbable research attribue chaque année ses Ig-Nobel (la prononciation anglaise donne le mot : ignoble), qui récompense des travaux fait par des scientifiques sérieux, mais dont l’énoncé semble loufoque.

On peut noter cette année un très intéressant Ig-Nobel de chimie attribué conjointement à des travaux montrant que le Coca-Cola est spermicide, et à des travaux montrant qu’il ne l’est pas. Ce qui prouve toute l’importance des protocoles expérimentaux et de l’interprétation des résultats.

L’Ig-Nobel de la paix va au comité suisse d’éthique, qui a pondu une charte stipulant que les plantes ont une dignité (sous entendu à respecter). Va-t-on encore pouvoir les couper pour les manger ?

L’Ig-Nobel de physique est particulièrement important puisqu’il récompense des travaux montrant mathématiquement qu’une brassée de machins en forme de fil (par exemple des cheveux) évolue nécessairement de sorte à former des noeuds. C’est rassurant de voir qu’on n’est pas victime d’une fatalité lorsqu’on doit déméler la moindre ficelle, mais que tout ça a une explication physique.

Enfn, l’Ig-Nobel de médecine me plait beaucoup. Il offre une juste récompense à 4 chercheurs ayant mis en évidence que la médecine de charlatan marche mieux quand elle est chère.  Ceci explique pourquoi les sectes qui vous prennent tout marchent mieux que celles qui vous demandent quelques pièces.

Je vous laisse lire le commentaire de Fourrure sur l’Ig-Nobel de biologie. Il a plus de compétence que moi sur le sujet.

Les Ig-Nobel des années précédentes valent aussi le déplacement, par exemple biologie 2007 (effarant), linguistique 2007 (il y a des gens qui font quand même des recherches incroyables), ornithologie 2006 (je m’étais jamais posé la question, mais après tout c’est vrai, comment ils font ?), acoustique 2006 (enfin des gens qui s’intéressent aux terribles conditions de travail des enseignants !), etc.
Pour ceux qui sont intéressés par l’archéologie, je précise que l' »armadillo » est le tatou, sympathique animal qui, malgré son apparence trompeuse, est un mammifère et non un cloporte géant surgi de la préhistoire pour nous boulotter.

Prix Nobel de chimie

Le prix Nobel de chimie a été attribué à trois chercheurs américains, pour leur découverte de la protéine responsable de l’émission lumineuse de certains organismes vivants (méduse en particulier). On peut préciser toutefois que ce n’est pas le seul mode d’émission lumineuse chez les êtres vivants.

Ces travaux ont été récompensés d’une part parce que l’identification d’une protéine, sa purification et sa caractérisation, sont en soi un exploit du chimiste. Comme vous le confirmeront amplement mes dignes collègues de SVT, ces travaux ont également des applications magnifiques en biochimie.

Des détails (en Anglais) sont présentés sur le site de la Fondation Nobel. N’hésitez pas à télécharger le document .pdf accessible dans la rubrique « scientific background » associée à la présentation des lauréats. C’est tout à fait compréhensible, et en plus il y a de la chimie et de la bio. Un rêve de bcpst-en en somme.

Prix Nobel de physique

Le prix Nobel de physique a récompensé cette année des travaux extrêmement théoriques sur la symétrie à l’échelle des particules élémentaires, et plus exactement sur le fait qu’il y a des dissymétries.

Je ne vais pas prétendre vous expliquer quoi que ce soit à ce sujet. Vous pouvez bien sûr faire comme moi, et aller faire semblant d’y comprendre quelque chose sur le site de la Fondation Nobel (le lien est dans la colonne de droite ci-contre).