Comme c’était relativement prévisible, le roman du mois de février est évidemment de Dan Simmons, que je remercie vivement pour m’avoir inspiré la moitié du dernier devoir de physique.
Dan Simmons a commencé sa carrière comme professeur de lettres, et ça se voit quand on le lit. Pasticher les Contes de Canterbury de Chaucer dans un livre de SF, ce n’est pas banal, et ça l’est encore moins quand l’ombre du poète John Keats plane sur l’autre moitié du livre. Les histoires imbriquées, les références multiples, les allusions religieuses, tout cela fait la complexité et donc l’intérêt de l’oeuvre de Simmons, en plus de son imagination débordante évidemment, et de sa capacité à l’exploiter sans que ça paraisse trop tiré par les cheveux.
Le livre en question est en fait en deux parties, elles-mêmes divisées en deux parties, toutes les deux éditées chez Robert Laffont.
La première partie constitue le cycle d’Hyperion, avec Hyperion et La Chute d’Hyperion. Dans un futur lointain, un empire galactique (humain) s’est constitué grâce à la capacité à se déplacer d’un point à un autre à l’aide de portes spéciales (les distrans), contrôlé par le mystérieux Technocentre. Outre d’obscurs ennemis, les Extros, qui vivent dans l’espace, une créature inquiétante venue du futur, le Gritche, s’agite aux alentours d’incompréhensibles constructions répondant au nom de Tombeaux du Temps et agité par des tempêtes entropiques (si, si !). Neuf personnes s’y rendent, racontant chacun leur histoire : un militaire qui a combattu les Extros, un écrivain, un prêtre jésuite qui, au cours de ses voyages, s’est fait greffé une mystérieuse croix sur la poitrine (le cruciforme), etc. Pourquoi et comment, je vous le dirai pas, et toc !
La seconde partie constitue le cycle d’Endymion, avec Endymion et L’Eveil d’Endymion. Des centaines d’années plus tard, l’Eglise catholique contrôle l’empire galactique, grâce aux fameux cruciformes qui confèrent en fait l’immortalité. D’où viennent ces cruciformes, on ne sait pas trop, et on ne cherche pas trop à le savoir, même si le lecteur averti se doute bien qu’il y a une entourloupe là-dessous (mais ne comptez pas sur moi pour vous la révéler, nananèreuh !). Enée, la fille d’un des pélerins (ceux du cycle d’Hyperion) sort des Tombeaux du temps et part dans un périlleux périple à travers la galaxie accompagné de notre fameux Raul Endymion (celui-là même qui se fera manger par une seiche géante de notre connaissance aux fins fonds d’une planète jupitérienne). Je n’en dis pas plus sauf que : oui, à la fin, ils se connaissent (au sens biblique du terme, évidemment).
Je précise que ce livre n’est nullement anti-catholique ni même antireligieux, malgré les apparences que peut en donner mon petit résumé. Il est anti-fanatique, en revanche.
Je précise aussi que les Contes de Canterbury (également disponible chez Robert Laffont) constituent un ouvrage, d’ailleurs fragmentaire, datant du 14è siècle, et, n’en déplaise aux puristes (quand on enseigne à Fénelon, mieux vaut prendre ses précautions !), très décevant. On entend toujours parler de ces contes comme s’il s’agissait du summum de la littérature coquine, et bon, franchement … même Dan Simmons est plus coquin, c’est dire ! Je ne doute pas une seconde que ce soit une œuvre majeure de la littérature du Moyen-Age tardif, mais pour le grand public, c’est assez hermétique.
J’ai mis les liens vers les livres en grand format de la collection Ailleurs et Demain éditée par Robert Laffont, parce que c’est une collection que j’aime beaucoup. Cependant, ils sont tous disponibles en format poche chez Pocket.