Daily Archives: 4 mars 2010

La science en prend encore un coup.

Le  New-York Times publie ici un article (désolé, c’est en Anglais) sur les attaques des créationnistes contre la théorie du réchauffement climatique.

Je rappelle que les créationniste sont les fondamentalistes chrétiens qui soutiennent une interprétation littérale de la version biblique de la création du monde, et s’opposent à l’enseignement de la théorie de l’évolution. Il se trouve que leurs tentatives d’infléchir les programmes scolaires sur ce point ont été retoquées par diverses décisions de justice, au nom de la séparation de l’Eglise et de l’Etat (on a un peu tendance à oublier que les Etats-Unis sont dotés d’une constitution laïque, si si !). En effet, la justice a estimé que réclamer l’enseignement du créationnisme comme une alternative à la théorie de l’Evolution relevait de la croyance religieuse.

Afin de contourner ce problème, les créationnistes ont eu une idée brillante : ne plus contester la théorie de l’évolution, mais imposer par la loi aux programmes scolaires de relativiser toute théorie scientifique (au nom de la formation de l’esprit critique des enfants) … au premier rang desquelles, évidemment, celle de l’évolution, mais aussi celle du réchauffement climatique. Pourquoi elle en particulier ? La raison invoquée dans l’article de New-York Times est que les fondamentalistes chrétiens se sentent attaqués dans leur foi à l’idée qu’on puisse dire que la Terre, création divine, soit abimée par les humains.

Il était déjà difficile d’avoir un débat scientifique de bonne tenue sur le sujet, ça risque de virer à l’impossible.

Vidéo d’une conférence sur le réchauffement climatique

Conférence donnée à l’ENS Lyon le mois dernier, par Jean Jouzel, membre du GIEC sur ce lien, qui nécessite Real Player (téléchargeable gratuitement, mais faites attention, il faut décocher certaines cases si vous ne voulez pas que des fonctionnalités annexes soient installées par défaut).

La qualité du son n’est pas excellente, et je n’ai pas réussi à visualiser à la fois l’orateur et les documents qu’il montre, ce qui est un peu pénible.

On notera cependant que ce scientifique, quoique membre du GIEC, adopte un ton beaucoup plus mesuré que les détracteurs du GIEC, et que, contrairement à ce qu’on entend ici et là, le GIEC ne prétend pas détenir la vérité, mais seulement un faisceau d’indices nettement concordants. L’orateur prend soin de montrer les limites et incertitudes des connaissances actuelles, mais il montre aussi ce qui peut être tenu pour acquis.

Cette conférence démolit clairement plusieurs allégations entendues fréquemment.
– Que le réchauffement est trop faible pour être indétectable : une courbe d’évolution des températures sur les 100 dernières années est sans équivoque.
– Que c’est le cycle solaire qui est responsable du réchauffement actuel : la même courbe avec des données moyennées sur 11 ans, durée du cycle solaire, a la même allure. D’ailleurs, le cycle solaire étant de 11 ans, son effet en moyenne sur 100 ans devrait être nul.
– Que nous sommes actuellement en période de refroidissement : par rapport à 1998, année la plus chaude jamais enregistrée depuis 100 ans, cette dernière décénie est plus froide, mais par rapport à toutes les décénies précédentes, cette dernière décénie est la plus chaude.