Daily Archives: 25 janvier 2011

Le roman du mois de janvier

Histoire de faire gai, je me propose de vous conseiller un livre nigérian. L’auteur, Ken Saro-Wiwa, était président du Mouvement pour la survie du peuple Ogoni, qui militait entre autre contre la mainmise des entreprises pétrolières sur les ressources du delta du fleuve Niger, l’exploitation des populations et la pollution insensée qu’elles engendrent. Comme il faisait un peu trop de bruit, et qu’il avait une fâcheuse tendance à mettre son nez dans les pots de vin et la corruption généralisée des autorités, il a été purement et simplement pendu en 1995 après un « procès » (les guillemets ne sont pas de trop) par un « tribunal » (celles-là non plus) militaire pour « meurtre » (là, les guillemets ne peuvent plus suffire). Le livre en question, édité chez Actes Sud et disponible dans la collection de poche de cet éditeur (collection babel), est intitulé Pétit Minitaire, traduction de l’anglais Sozaboy. Petit minitaire signifie évidemment Petit militaire, et Sozaboy est la déformation de Soldier Boy. Le livre entier est écrit en « Anglais pourri » selon l’expression de l’auteur, sorte de sabir anglophone qu’on pratique dans cette partie de l’Afrique, mélange de pidgin et de mauvais anglais mâtiné de quelques expressions anglaises idiomatiques. Les traducteurs ont fait de leur mieux pour retranscrire l’ouvrage dans un sabir francophone équivalent.

Sozaboy

L’histoire est celle d’un jeune homme (Méné) qui s’engage comme militaire pour l’amour d’une jeune fille. Quoique ce ne soit pas explicité, la guerre en question est celle dite « du Biafra », qui a opposé le pouvoir nigérian aux sécessionnistes de l’Est du pays (le Biafra) entre 1967 et 1970, guerre qui s’est soldée par la bagatelle d’environ 1 million de morts. Méné traverse la guerre sans y comprendre grand’chose, regardant avec les yeux du quasi-enfant qu’il est encore les tueries, les viols et les massacres. Roman écrit de main de maitre, mais pas vraiment idéal pour se remonter le moral.

L’essai du mois de janvier

Au menu de ce mois, je vous propose un essai de Stephan H. Lindner intitulé Au coeur de l’IG-Farben – L’usine chimique de Hoechst sous le Troisième Reich, dont la traduction française (je vous épargne l’original en Allemand) est éditée par la vénérable maison des Belles Lettres.

Au Cœur de l'IG Farben. L'usine chimique de Hoechst sous le Troisième Reich

Cet essai décrit de façon succincte les origines de la société chimique Hoechst, la troisième plus importante entreprise chimique allemande du début du 20è siècle, et son regroupement avec les deux autres entreprises chimiques majeures (BASF et Bayer) dans le conglomérat IG-Farben en 1925.
La partie la plus importante concerne les rapports de l’usine Hoechst avec le régime nazi. La gestion du personnel, les rapports avec les autorités, avec le parti nazi et avec la Gestapo sont décryptés. Il en ressort que la plupart des décisions, pour certaines terribles de conséquences (licenciements, dénonciation), prises par les dirigeants de l’entreprise, l’ont été non pas sur des motifs strictement politiques, mais sur des motifs purement économiques. Certes, les dirigeants étaient des nazis bon teint (et pour certains des antisémites notoires), mais leurs décisions concernant la gestion de l’usine ont toujours été guidées par l’intérêt de l’entreprise : organiser sa survie, maximiser ses profits, rafler les parts de marché (y compris bien entendu dans l’industrie de guerre), utiliser des prisonniers civils (appelons-les par leur nom : des esclaves) comme main d’oeuvre quasi-gratuite. Cela supposait évidemment un alignement sur les autorités. Mais cet alignement n’était pas total. Un chercheur juif pouvait être provisoirement épargné et protégé parce qu’il représentait un atout irremplaçable pour l’entreprise. A la réflexion, cela est encore moins rassurant que si les dirigeants avaient simplement été des nazis fanatiques, car cela montre (si tant est qu’il fût encore nécessaire de le montrer) qu’en matière économique, et plus exactement dans l’économie capitaliste, aucune règle morale n’existe plus. Malheureusement, on ne voit pas bien ce qui pourrait avoir changé depuis cette époque.
Dans une troisième courte partie, l’auteur apporte les preuves de ce qui a été longtemps nié par Hoechst, à savoir que l’entreprise a organisé des essais cliniques sur des déportés au camp de Auschwitz. Essais d’ailleurs sans aucun intérêt, puisque les substances testées avaient déjà été écartées préalablement par des tests antérieurs comme étant insuffisamment efficaces ; mais voilà, il fallait bien trouver une utilité à ces molécules qu’on avait fabriquées… En pratique, il s’agissait d’infecter des déportés par le typhus, puis d’administrer les substances à tester. Outre l’absurdité de faire de tels tests sur des populations particulièrement fragilisées, et le manque de rigueur scientifique avec lequel ils ont été menés, le consentement des cobayes était bien évidemment purement et simplement omis.
Enfin dans une dernière partie, l’auteur décrit les suites de la guerre pour l’entreprise. Les cadres dirigeants ont quasiment tous été acquités et ont coulé des jours paisibles jusqu’à leur mort. Certains ont bien fait une petite déprime d’avoir été écarté de leurs postes par les autorités américaines, les pauvres. Ceux qui ont été condamnés ont été bien vite libérés, et pour la plupart, ont retrouvé un poste dans l’une ou l’autre des entreprises chimiques issues du démembrement de l’IG-Farben par les Alliés. Le correspondant de la Gestapo à l’usine Hoechst, par exemple, a fini sa carrière comme directeur d’une usine du groupe. Curieusement, en revanche, les personnes licenciées pour avoir été jugées peu enthousiastes pour le régime ou tout simplement juives, ont eu plus de mal à retrouver une place. Ne daubons pas trop, c’est arrivé aussi chez nous.

Une excellente étude, basée sur un travail méticuleux de dépouillement des archives, un vrai travail d’historien.

Les résultats 2010 de la BCPST du lycée Fénelon (Paris)

La saison des tableaux comparatifs des classes prépa ayant commencé, je vais y mettre mon grain de sel et présenter, comme chaque année, les résultats complets de la BCPST du Lycée Fénelon pour l’année 2010 (avec donc intégration en septembre 2010). On peut voir ici les résultats de l’année 2009, et ceux de l’année 2008.

Admissibilités, admissions et choix des élèves.

La BCPST2 comptait l’année dernière 41 élèves, qui se sont tous présentés au concours Agro-Véto, et pour certains aux concours ENS et G2E. Tous concours confondus, 33 élèves ont la possibilité d’intégrer une école (presque 80%), mais seuls 20 intègrent effectivement. Sur les 13 qui choisissent de ne pas intégrer :
– 2 démissionnent de tous les concours et intègrent en magistère à l’ENS de Paris,
– 11 redoublent en 5/2 pour tenter d’obtenir mieux.
Parmi les 10 élèves n’ayant eu aucune admission :
– 1 redouble en L2 de biologie,
– 2 sont admises en L3 de biologie,
– 7 redoublent en 5/2.

Résultats concours par concours.

Concours ENS.
9 candidats se sont présentés aux ENS, dont 2 ont été admissibles à Lyon et Cachan et admis à l’ENS de Lyon. Ceci constitue une bonne performance. Sur les 7 non admissibles, 2 ont été admises en magistère à l’ENS de la rue d’Ulm. Cela faisait longtemps qu’on n’avait pas vu un tel succès aux ENS.

Concours Agro-Véto, écoles vétérinaires.
Les résultats aux ENV sont un peu décevants cette année. Sur 19 présentés, seuls 6 ont été admissibles, et 3 admis (environ 15%), 2 à Alfort et 1 à Nantes. Une satisfaction tout de même : les 3 admis avaient redoublé dans l’espoir d’avoir une école vétérinaire ; c’est donc un redoublement tout à fait profitable.

Concours Agro-Véto, écoles agronomiques.
Sur 41 élèves présentés, 29 sont admissibles (soit 70%). A l’issue de l’oral
– 11 élèves ont un rang leur permettant d’intégrer l’Agro Paris (un peu plus de 25% de la classe), dont 5 intégrent effectivement ;
– 25 élèves ont un rang leur permettant d’intégrer en école d’agro (Montpellier, Rennes, Toulouse, Dijon ou Nancy), dont 2 vont à Montpellier, 2 à Agrocampus Ouest (1 à Rennes et 1 à Angers), 3 à Nancy.
– 28 élèves ont un rang leur permettant d’intégrer une ENITA, dont 2 intègrent l’ENITA de Bordeaux.

Concours Agro-Véto, écoles de chimie (PCbio).
Sur 10 élèves présentés, 9 sont admissibles (90%). A l’issue de l’oral, tous ont un rang leur permettant d’intégrer, dont 4 peuvent entrer à l’ESPCI et à l’ENSCP (chimie Paris). Aucun ne choisit cette filière.

Concours G2E.
Sur 35 présentés, 19 sont admissibles (un peu plus que 50%), dont seulement 12 se présentent effectivement aux épreuves orales, à l’issue desquelles :
– 8 peuvent intégrer l’école de géologie de Nancy, dont un intègre effectivement,
– 11 peuvent intégrer l’ENGEES de Strasbourg,
– 9 peuvent intégrer l’ENTPE dont 7 en fonctionnaires,
– tous peuvent intégrer Polytech Orléans.