Comme le relate Sylvestre Huet dans son blog, les mesures de température à la surface du globe réalisées entre janvier et octobre 2010 laissent prévoir que l’année 2010 sera la plus chaude depuis que des annales climatologiques sont disponibles.
Libre à chacun de croire ou ne pas croire au réchauffement climatique ou au rôle des activités humaines sur la hausse des températures, mais je voudrais prévenir par avance un argument maintes fois ressassé par les climato-sceptiques : il serait illicite de faire des moyennes de températures, parce que la température est une variable intensive.
Ah bon ?
Ne le nions pas, la température est une variable intensive. Ceci veut dire que si on réunit deux systèmes ayant la même température T, la température du système final (issu de la réunion des systèmes initiaux) est également T (et non pas 2T ). En d’autres termes, la température n’est pas un paramètre additif (contrairement au volume).
Je présume (sans en être sûr) que c’est la raison pour laquelle certains prétendent qu’il est absurde de faire une moyenne de températures, parce que dans la formule d’une moyenne, on fait une somme et on divise par le nombre de termes. Sauf que … ça n’a strictement aucun rapport avec l’intensivité de la température.
Disons d’abord que si on réunit deux systèmes identiques (par exemple deux masses égales d’eau) dont l’un est initialement à la température T1 et l’autre à la température T2, le système final est à la température (T1+T2)/2, autrement dit la moyenne des deux températures initiales. (En réalité, il faut prendre quelques précautions, en particulier travailler dans un calorimètre, mais ça ne change rien). Cela découle directement du premier principe de la thermodynamique. Comme quoi, on voit déjà qu’il existe des formules où apparait une moyenne de températures. L’argument comme quoi ce serait impossible ne tient pas.
D’autre part, faire une moyenne de températures relevées en divers points du globe, ce n’est pas dire que la température de la Terre est la somme de ces températures. C’est juste prendre des nombres et en faire une moyenne mathématiques. Il n’y a aucune histoire d’intensivité de la température là-dedans.
Prenons un autre exemple : une population d’individus dont on mesure la taille. La taille des individus n’est pas un paramètre additif (mettre ensemble deux individus de tailles t1 et t2 ne fait pas un individu de taille t1+t2). Pour autant, est-ce stupide de calculer une taille moyenne ? Les fabriquants de pantalons peuvent trouver l’info intéressante.
D’ailleurs, à ce compte là, il serait impossible de dire que la température en janvier est en moyenne inférieure à la température en juin, en France. Ma brave dame, y’a plus de saisons.
En somme l’argument comme quoi l’intensivité des températures empêche d’en faire la moyenne est littéralement sans queue ni tête. Du reste, on peut parfaitement définir la température moyenne d’une planète, comme c’est très proprement fait ici, mais en Anglais et quand même c’est assez dur.