Monthly Archives: novembre 2010

A propos de l’étalon universel de masse et de sa disparition

Comme vous le savez sans doute, le système international (SI) définit les unités de base à partir desquelles il est possible de définir toutes les autres. Elles sont au nombre de 7, dont le mètre et le kilogramme.

Le problème est évidemment de définir ce qu’est un mètre ou un kilogramme. Au départ, ces grandeurs étaient définies à l’aide de systèmes matériels, soigneusement conservés au Bureau International des Poids et Mesures, à Sèvres près de Paris. L’étalon du mètre par exemple était un barreau de platine et d’iridium, de même l’étalon du kilogramme est un cylindre de ce même alliage. Le problème est de savoir si ces étalons ont vraiment une masse ou une longueur constante. Pour la longueur, c’est évidemment non puisqu’un métal se dilate ou se contracte en fonction de la température, ce qui imposait des conditions de conservation particulièrement strictes. Il en est de même de l’étalon de masse qui prend environ 1 microgramme par an, parce que des poussières se déposent à sa surface, et ce malgré un dépoussiérage régulier.

L’idée est donc de définir des étalons virtuels, et ceci peut se faire à l’aide de constantes universelles de la nature. L’étalon du mètre a déjà été dématérialisé il y belle lurette ; un mètre est défini à partir de la seconde et de la vitesse de la lumière (qui est une constante universelle), la seconde étant elle même définie à partir d’une transition électronique dans un atome (de césium je crois, mais je ne suis plus trop sûr et j’ai la flemme de vérifier). L’étalon historique du mètre est bien sûr encore visible, mais il n’a plus qu’un intérêt … historique.

Se débarrasser de l’étalon du kilogramme est loin d’être si simple, mais il semble bien que ce soit imminent. Le principe serait d’utiliser une balance de Watt, qui permet de relier une masse à un effet électromagnétique parfaitement calibré par des constantes universelles.

Tout ceci est un petit résumé d’une info de la Société Chimique de France, que je reproduis in extenso ci-dessous, pour ceux qui veulent en savoir plus. Je précise également que le site du BIPM est accessible par un simple clic sur la barre des liens à droite. Vous y trouverez des photos de l’étalon du mètre et du kilogramme.

Verbatim :

A 131 ans, après avoir survécu à deux guerres mondiales, l’étalon du kilogramme est plus que jamais menacé. Les chercheurs, qui veulent sa peau depuis plusieurs décennies déjà, ont peut être enfin trouvé le moyen de s’en débarrasser. Le National Institute of Standarts and Technology (NIST) semble avoir démontré que ses travaux permettront de redéfinir le kilogramme lors de la réunion du Comité International des Poids et Mesures (CIPM) à Paris en octobre. Une proposition en ce sens a reçu un avis favorable et elle devrait être sérieusement étudiée lors de la Conférence Générale des Poids et Mesures (CGPM) qui se tiendra en octobre 2011.

Pourquoi vouloir remplacer ce cylindre de platine et d’iridium qui semble imperméable aux effets du temps ? Justement, tout est dans le « semble ». En réalité, chaque année, l’étalon du kilogramme prend du poids ! Un microgramme environ. Il existe un protocole de nettoyage mais rien n’assure que la séance d’amaigrissement fonctionne parfaitement. Etant l’étalon, sa masse officielle est toujours théoriquement d’un kilogramme. Conclusion, quand il grossit, ce sont en fait toutes les balances du monde qui se trouvent déréglées. Un microgramme, cela ne parait pas beaucoup. Mais pour assurer la précision et la reproductibilité des mesures scientifiques, cette variation est beaucoup trop importante. De plus, l’étalon matériel international, conservé à Paris, peut être détruit et il n’est pas facilement reproductible. Chaque pays possède une copie, un étalon national, qui sert à faire de nouvelles copies qui peuvent ensuite être utilisées pour calibrer balances et autres instruments de mesure. A chaque reproduction, la précision de l’étalon obtenu baisse. Il faut donc trouver une manière de dématérialiser cet étalon, c’est-à-dire d’en donner une définition qui permette de produire un kilogramme facilement et avec une excellente précision.

Les chercheurs n’en sont pas à leur première victime. Il y a tout juste 50 ans, lors de la 11ème CGPM [1] le Système International d’Unité (SI) était établit. Au passage, la définition du mètre était modifiée permettant de se débarrasser de l’étalon matérialisé en 1889 sous forme d’un barreau de platine et d’iridium d’un mètre de long.

Sept unités de base forment le système international : le mètre (longueur), la seconde (durée), le kilogramme (masse), l’ampère (courant électrique), le kelvin (température), la mole (quantité de matière) et la candela (intensité lumineuse) [2]. Elles sont indépendantes et permettent d’exprimer toutes les autres grandeurs mesurées. La vitesse par exemple s’exprime en mètres par seconde. Le SI a été adopté par tous les pays du monde à l’exception du Liberia, du Myanmar et… des États-Unis ! Intéressant de voir donc que malgré cela, le NIST concentre une partie de ses activités sur le SI.

Pour atteindre une précision maximale dans la définition des étalons pour chaque unité du système international, il faut utiliser des repères les plus stables possibles. Les progrès de la physique ont permis de découvrir ces repères stables dans la nature : les constantes fondamentales. Ces grandeurs sont considérées, dans les théories actuelles, comme invariables dans le temps et dans l’espace. La vitesse de la lumière en est un exemple. En 1960, la seconde étant définie de manière relativement précise, il a suffit de fixer la vitesse de la lumière pour définir le mètre. Et ainsi se débarrasser du barreau de platine iridié. Le mètre est maintenant défini comme la distance parcourue par la lumière pendant une durée de 1/299 792 458 seconde.Cet exemple montre que, bien que les unités soient indépendantes, la définition d’un étalon peut faire appel aux autres unités. A l’heure actuelle par exemple, les définitions de la mole, de l’ampère et de la candela font appel au kilogramme (figure 2). L’imprécision sur l’étalon du kilogramme implique donc aussi une imprécision sur les autres unités.

Pour pouvoir définir les sept unités de base, il faut fixer la valeur de sept constantes fondamentales. Leur choix dépend des protocoles expérimentaux qui permettent de produire les étalons. Connaissant la relation mathématique entre fréquence et longueur d’onde d’une onde monochromatique – impliquant la vitesse de la lumière – il est possible de produire un étalon du mètre avec un laser, si la seconde est bien définie et si la vitesse de la lumière est fixée. Dans ce cas, il y a une dépendance unique entre mètre et seconde et donc besoin d’une seule constante. Etant donné les relations de dépendance entre étalons, la dématérialisation du kilogramme implique de fixer la valeur de plusieurs constantes fondamentales en même temps.

Avant de fixer des constantes simultanément, il faut s’assurer que les différents protocoles expérimentaux mis en place pour définir les étalons assurent une définition assez précise de la valeur de chaque constante. Cela est important aussi pour éviter une variation trop forte entre l’étalon actuel et l’étalon futur. Et c’est justement là que le bât blesse. Les protocoles expérimentaux en place ne permettaient pas jusqu’à présent d’atteindre un assez bon niveau de précision. Mais les efforts de ces dernières années semblent enfin être payants.

Au NIST, les chercheurs travaillent sur une expérience qui pourrait permettre de dématérialiser le kilogramme : la balance de Watt (figure 3). Il s’agit d’un instrument qui utilise différentes lois physiques pour convertir l’effet d’une masse en un effet électromagnétique mesurable [3]. Les calculs décrivant cette conversion permettent de définir le kilogramme en fonction de la constante de Planck. Une autre méthode concurrente, notamment soutenue par les australiens [4], consiste à fabriquer une sphère contenant précisément une mole de silicium nécessitant alors de fixer la constante d’Avogadro. Il existe donc des enjeux diplomatiques importants dans les négociations qui vont conduire à l’adoption d’une nouvelle définition.

Il semble au final que les limitations sur la précision de la balance de Watt soient aujourd’hui levées ouvrant la voie à une nouvelle définition du kilogramme et la naissance d’un étalon dématérialisé. Pour assurer la réalisation de cette définition, une dernière difficulté demeure. Il reste à assurer le développement des balances de Watt afin de permettre à chaque pays de bénéficier d’une manière de produire un étalon fiable. Cependant, cela n’empêchera sans doute pas le kilogramme de disparaître très prochainement.

Contacts

– [1] Résolution 12 de la 11ème CPGM instituant le SI : http://redirectix.bulletins-electroniques.com/85Klr

– [2] Brochure du CIPM sur le SI : http://www.bipm.org/utils/common/pdf/si_brochure_8_fr.pdf

– [3] Description du fonctionnement de la balance de Watt :

http://redirectix.bulletins-electroniques.com/LLSls

– [4] Nouvel étalon du kilogramme, BE Australie 53, M. Le Gleuher, 03/09/2007 –

www.bulletins-electroniques.com/actualites/50716.htm

Sources

‘Si’ on the New SI: NIST Backs Proposal for a Revamped System of Measurement Units, NIST News, B. Stein, 26/10/2010 – www.nist.gov/pml/wmd/20101026_si.cfm

ADIT, BE États-Unis (N°225, 5 novembre 2010)

Un matériau anti-insectes

Je retranscris ici une info de la Société Chimique de France, qui pourra intéresser les biologistes que vous êtes. Bon, je ne vais pas prétendre que les histoires d’adhérence sont à la portée du premier venu, mais c’est quand même rigolo. A noter que vous pouvez bien sûr vous référer à l’article original, à condition de lire le Japonais…

Verbatim :

Une équipe composée de chercheurs de l’Institut National des Sciences des Matériaux (NIMS – Japon) et de la Société Max Planck pour le Développement des Sciences (Allemagne) a développé un matériau sur lequel les insectes éprouvent des difficultés à marcher.

De nombreux insectes tels que les mouches ou les chrysomèles possèdent des poils sur leurs pattes qui leur permettent d’adhérer aux parois lisses comme le verre et de marcher sans glisser, y compris la tête à l’envers. Partant du principe que les forces d’adhérence mises en jeu dépendent de la rugosité de la surface, les chercheurs ont développé une technique qui permet de fabriquer des matériaux en contrôlant la hauteur des irrégularités de leur surface de quelques nanomètres à 300 nanomètres. Ils ont ensuite observé la marche de chrysomèles sur plusieurs matériaux différents.

Ils ont ainsi constaté que, sur un certain matériau dont les irrégularités de surface sont de l’ordre de 100 nm, 60% des insectes se sont nettoyé les pattes dès la première minute alors qu’aucun d’entre eux ne se les est frottées pendant ce même laps de temps lorsqu’ils ont marché sur des matériaux plus lisses. Une étude plus poussée a permis de démontrer que les insectes perdent 97% de leur adhérence sur ce matériau.

Cette étude permet d’expliquer comment les insectes qui ont l’habitude de se frotter régulièrement les pattes pour les nettoyer, détectent la présence de saleté. En effet, en marchant sur ce matériau spécial, les chrysomèles se sont mises à nettoyer leurs pattes alors qu’elles étaient propres. Le réflexe de nettoyage ne serait donc pas guidé par la présence de saleté mais par la perte d’adhérence. D’autre part, cette étude ouvre la voie vers la fabrication de nouveaux matériaux qui garderaient éloignés les insectes des endroits où ils ne sont pas les bienvenus.

Sources

Communiqué du NIMS – 09/11/2010 (japonais)

www.nims.go.jp/news/press/2010/11/p201011090.html

ADIT, BE Japon (N°556, 19 novembre 2011)

Résultats du devoir en temps limité de physique n°2

Ils sont nullissimes. La moyenne de la classe est 5,5/20, ce qui constitue de très loin la pire moyenne que j’ai jamais mis à un devoir depuis que je sévis. La moyenne est atteinte par 6 copies seulement.

Tout est à reprendre en électrocinétique. La majorité d’entre vous ne savent pas reconnaitre des résistances en parallèle, ne savent pas qu’on ne peut pas associer des générateurs de Thévenin en parallèle (il faut passer par Norton), ne savent pas l’équivalence Thévenin-Norton. En d’autres termes, la majorité d’entre vous ne connait pas son cours.

Il n’y a rien d’autre à dire.

Ah si quand même : concernant l’exercice sur les régimes transitoires, les questions 2, 3, 4 et 5 sont identiques au deuxième exercice du TD, exception faite de la condition initiale. Sans commentaire.

A propos du (de la) partenaire idéal-e

Des chercheurs très sérieux – en tout cas, ils sont au CNRS – ont fait l’expérience suivante. Ils ont demandé à un homme les caractéristiques physiques d’une partenaire qu’il jugerait idéale, puis ils les ont comparées aux caractéristiques physique de la partenaire réelle de cet homme. Ils ont procédé de la même façon pour tout un échantillon d’hommes, puis pour tout un échantillon de femmes.

Les résultats sont clairs : la différence entre partenaire réel-le et partenaire idéal-e est moindre chez les hommes que chez les femmes. Autrement dit, les hommes trouvent leur partenaire plutôt pas mal roulée, alors que les femmes trouvent leur partenaire soit trop maigrichon soit avec trop de bide.

Les chercheurs font plusieurs hypothèses à ce constat, que je vous laisse lire ici. Je trouve que les deux hypothèses les plus probables sont injustement laissées de côté.
– Hypothèse la plus probable n°1  (proposée par mon Beauf) : jamais contentes ces mal baisées, toutes des salopes (note : les propos de mon Beauf sont sous sa stricte responsabilité et ne reflètent pas nécessairement l’opinion du rédacteur de cet article).
– Hypothèse la plus probable n°2 (proposée par Madame Lapin) : c’est normal, les femmes sont plus proches de la perfection.

On vote ?

 

Record de température en 2010 et moyenne de températures

Comme le relate Sylvestre Huet dans son blog, les mesures de température à la surface du globe réalisées entre janvier et octobre 2010 laissent prévoir que l’année 2010 sera la plus chaude depuis que des annales climatologiques sont disponibles.

Libre à chacun de croire ou ne pas croire au réchauffement climatique ou au rôle des activités humaines sur la hausse des températures, mais je voudrais prévenir par avance un argument maintes fois ressassé par les climato-sceptiques : il serait illicite de faire des moyennes de températures, parce que la température est une variable intensive.

Ah bon ?

Ne le nions pas, la température est une variable intensive. Ceci veut dire que si on réunit deux systèmes ayant la même température T, la température du système final (issu de la réunion des systèmes initiaux) est également T (et non pas 2T ). En d’autres termes, la température n’est pas un paramètre additif (contrairement au volume).

Je présume (sans en être sûr) que c’est la raison pour laquelle certains prétendent qu’il est absurde de faire une moyenne de températures, parce que dans la formule d’une moyenne, on fait une somme et on divise par le nombre de termes. Sauf que … ça n’a strictement aucun rapport avec l’intensivité de la température.

Disons d’abord que si on réunit deux systèmes identiques (par exemple deux masses égales d’eau) dont l’un est initialement à la température T1 et l’autre à la température T2, le système final est à la température (T1+T2)/2, autrement dit la moyenne des deux températures initiales. (En réalité, il faut prendre quelques précautions, en particulier travailler dans un calorimètre, mais ça ne change rien). Cela découle directement du premier principe de la thermodynamique. Comme quoi, on voit déjà qu’il existe des formules où apparait une moyenne de températures. L’argument comme quoi ce serait impossible ne tient pas.

D’autre part, faire une moyenne de températures relevées en divers points du globe, ce n’est pas dire que la température de la Terre est la somme de ces températures. C’est juste prendre des nombres et en faire une moyenne mathématiques. Il n’y a aucune histoire d’intensivité de la température là-dedans.
Prenons un autre exemple : une population d’individus dont on mesure la taille. La taille des individus n’est pas un paramètre additif (mettre ensemble deux individus de tailles t1 et t2 ne fait pas un individu de taille t1+t2). Pour autant, est-ce stupide de calculer une taille moyenne ? Les fabriquants de pantalons peuvent trouver l’info intéressante.
D’ailleurs, à ce compte là, il serait impossible de dire que la température en janvier est en moyenne inférieure à la température en juin, en France. Ma brave dame, y’a plus de saisons.

En somme l’argument comme quoi l’intensivité des températures empêche d’en faire la moyenne est littéralement sans queue ni tête. Du reste, on peut parfaitement définir la température moyenne d’une planète, comme c’est très proprement fait ici, mais en Anglais et quand même c’est assez dur.

Avis aux utilisateurs de Facebouque

Comme vous ne l’ignorez pas, vous avez tous des tas d’amis sur facebouque ou autre réseau « social ». Je ne doute pas que vous ayez soigneusement sélectionné les 887 amis que vous avez en ligne, mais peut-être que 887 c’est quand même un peu trop ou que le terme d’amis n’est pas le mieux choisi. « Vague connaissance » serait éventuellement plus approprié.

Car voilà, comme chacun sait, on peut compter sur ses amis. Mais sur ses amis facebouque, ce n’est pas si sûr. Par exemple, si vous dites du mal de votre supérieur hiérarchique sur facebouque, il peut arriver qu’un de vos « amis » aille faire le vilain cafard … et vous voilà viré. C’est arrivé en vrai, et même près de chez vous, pour paraphraser un mémorable et jouissif sommet du mauvais goût.

Loin de moi l’idée de vilipender Facebouque, car, comme le dit très justement Jean-Marc Manach sur son blog Bug Brother, quand quelqu’un est assassiné, on n’accuse pas le couteau. De même, Facebouque n’est pas responsable de l’affaire. Cependant, l’utilisateur de Facebouque, comme celui du couteau, doit s’astreindre à un minimum de prudence pour éviter les ennuis. Clairement, quand on parle sur Facebouque avec ses 292 amis, on ne tient pas une conversation privée ; pour tout dire, ça relève plus de la conférence publique. Un propos sur un réseau social est donc susceptible d’être assimilé à une injure publique ou à de la diffamation.

Soit dit en passant, mes chers petits, si jamais un de vos amis facebouque dit du mal d’un grand et beau lapin de votre connaissance, n’hésitez pas à venir m’en parler. Je prendrai les mesures adéquates. Gniark gniark gniark …

Corrigé du devoir en temps limité de chimie n°2

La moyenne du devoir est plutôt bonne, puisqu’elle se situe à 11,5/20. La moyenne est atteinte par 31 copies, et 4 ont entre 9 et 10. Je voudrais cependant bien insister sur le fait que ce devoir était très facile. Mises à part quelques questions sur les décalines (vraiment dures) et sur le téflon (pas dur mais totalement nouveau pour vous), il s’agissait presqu’intégralement de questions de cours. La moyenne élevée du devoir ne doit donc pas faire croire que le niveau de la classe soit mirobolant.

Problème 1 (moyenne 12,3/20).

Je suis heureux de constater qu’à une ou deux exceptions près, l’ordre de remplissage des sous-couches est connu, et que le nombre maximal d’électrons par sous-couche est également connu.
Il est néanmoins à signaler que la définition des sous-couches de valence n’est pas toujours bien sue (ou pas toujours bien appliquée); ainsi, pour Br, I ou At, aucune sous-couche d ou f n’est de valence.

Petit conseil pour gagner du temps : inutile de faire 5 fois un schéma de remplissage, si c’est 5 fois le même. Il suffit d’en faire un (pour F), et de dire qu’il est identique pour les autres, en remplaçant le nombre quantique n=2 par n=3, 4, 5 ou 6.

Lorsqu’une question est posée, il faut y répondre de façon succinte mais complète. Ainsi répondre que 2 isotopes diffèrent par leur nombre de nucléons est tout à la fois exact et faux. Car vous pouvez faire varier le nombre de nucléons en changeant le nombre de protons, auquel cas il ne s’agit plus d’isotopie. La bonne réponse est donc : 2 isotopes diffèrent uniquement par le nombre de neutrons de leurs noyaux.

On peut déplorer que si peu d’entre vous aient pu déterminer les proportions des deux isotopes du chlore connaissant la masse molaire du chlore. J’ai pourtant mis les points à ceux qui ont simplement dit que c’était en gros 75%/25% car 35,4 c’est en gros au quart du segment [35;37].

La partie sur les molécules est moins bien réussie. A nouveau, il faut répondre précisément aux questions. Dire que le magnésium engage deux liaisons dans CH3MgBr parce qu’il est divalent, c’est vrai, mais ça n’explique rien. C’est de la paraphrase. La question est évidemment de savoir pourquoi il engage 2 liaisons. Soit dit en passant, la question de savoir pourquoi il a deux lacunes y est éminemment corrélée.

Enfin dans les questions sur les chlorures des ions du mercure, on parlait ici de composés ioniques, et on attendait donc un raisonnement en terme de charges. Invoquer des liaisons covalentes pour déterminer la charge d’un ion, c’est curieux.

Deuxième problème (moyenne 11,2/20).

Je passe sur un péché véniel : quand on nomme un composé, on le fait en plaçant les substituants dans l’ordre alphabétique (sans tenir compte des préfixes di-, tri- etc). Le halon-1211 est donc le bromo-chloro-difluorométhane.

Je suis assez surpris des réponses à la question 5. Il y avait 3 isomères de position au composé étudié. Dans la mesure où personne n’a représenté les isomères dans l’espace, comment est-il possible de parler de stéréoisomères ? Pour montrer que deux espèces sont stéréoisomères, il faut nécessairement faire une représentation spatiale (nullement demandée ici).

Je jette un voile pudique sur la détermination de la longueur séparant les deux extrémités d’une ligne brisée. Entre ceux qui confondent sinus et cosinus, ceux qui disent que sin = hypothénuse / coté opposé (merci pour le sinus > 1) et qui trouvent en prime que la ligne droite est le chemin le plus long, ceux qui comptent deux fois chaque liaison, sans oublier, cerise sur le gâteau, le concepteur de l’énoncé qui écrit que la longueur de la liaison CC est 154 nm au lieu de 154 pm (fainéant de fonctionnaire, même pas capable d’écrire proprement un sujet). J’ai quand même eu quelques bonnes réponses, y compris avec un petit commentaire sur le fait qu’on néglige les deux extrémités.

On arrive au coeur du problème : les représentations spatiales. Ca démarre à la question 3, avec la représentation très compliquée d’un dérivé du méthane. Quand on demande une représentation spatiale, on doit montrer la géométrie dans l’espace. En l’occurrence ici du Cram (ceux qui ont fait du Fischer, je ne peux pas leur donner tord, mais pour une molécule à un seul C, ça fait bizarre). Ca continue avec les formes chaises des cyclohexanes. Là je suis navré, mais je n’ai eu aucune pitié. Lorsque, sur un schéma, je n’arrivais pas à comprendre si un substituant était axial ou équatorial, j’ai compté faux. Si vous ne faites pas un effort de soin sur les représentations spatiales des molécules, vous allez avoir un gros handicap dans tous les chapitres de chimie organique. Et pour faire un beau dessin, il faut faire un gros dessin, car comme dirait M. K : « plus c’est gros, plus c’est beau ».

Du reste, un peu de jugeote ne nuit pas. Si dans une chaise vous avez 3 Cl axiaux et 3 Cl équatoriaux, c’est quand même curieux que sur l’autre chaise, il y a 4 Cl axiaux et 2 équatoriaux. Car quand on transforme une chaise en sa chaise inverse, les substituants axiaux et équatoriaux s’échangent. Veillez aussi, à tant faire, à représenter la bonne molécule (les substituants doivent être sur les bons carbones, sinon on parle d’une autre molécule, et ça ne rapporte pas de points).

Le problème du plan de symétrie est compliqué. Ce qui est imparable est de le visualiser sur une chaise. Le visualiser en Haworth (que certains confondent avec Cram soit dit en passant), ou en Cram, c’est plus délicat, car Haworth et Cram représentent plan un cycle qui ne l’est pas. En Haworth et en Cram, on a l’impression qu’il y a plus de plans de symétrie qu’en réalité. Ceux que ça intéressent peuvent venir m’en parler. Avec un modèle moléculaire, c’est plus facile.

Conclusion.

Je suis heureux de constater que la classe semble s’être mise au travail, et que la base du cours semble sue. Ce nonobstant, ne vous endormez pas sur ces notes encourageantes obtenues sur un sujet peu exigeant.

IG-Nobel

Comme tous les ans, la fondation Improbable Research a procédé à une remise de prix, les IG-Nobel (prononcé en Anglais, ça donne le mot « ignoble »). Ces prix récompensent, la plupart du temps, des travaux tout à fait sérieux, mais qui ont l’air farfelus.

Dans le cru 2010, on notera d’intéressants travaux mettant en évidence que les microbes s’accrochent aux barbes des chercheurs en microbiologie, qui sont donc plus souvent contaminés que les autres. L’IG-Nobel de santé publique a récompensé les chercheurs à l’origine de ces travaux.

On le savait tous bien, mais il a été scientifiquement démontré que jurer diminue la douleur. Ca valait bien un prix IG-Nobel de la paix !

Le prix de chimie est d’actualité, puisqu’il récompense des chercheurs, dont l’un appartient à la companie BP (vous savez, celle du puits qui fuyait dans le Golfe du Mexique), pour (je cite) : « avoir infirmé la vieille croyance que l’eau et le pétrole ne sont pas miscibles ». Ca sent un peu l’ironie, tout de même.

Enfin, le prix du management me plait beaucoup. Il récompense des travaux montrant qu’un organisme quelconque serait plus efficace si les promotions des employés étaient décidées au hasard. Ce n’est pas que je pense que le management est largement du foutage de gueule, mais bon, un peu quand même.

Je vous laisse lire vous-mêmes l’intitulé du prix de biologie, car je ne peux en reproduire les termes sur ce blog, que des mineurs sont susceptibles de lire. C’est disponible (en Anglais) ici. Vous pouvez en profiter pour prendre connaissance des récompenses des années précédentes, c’est assez drôle.